Les militaires et les chefs de la contestation au Soudan reprendront lundi soir les négociations entamées la veille sur la composition d'un futur Conseil souverain de transition, plus d'un mois après le renversement par l'armée du président Omar el-Béchir. Les discussions, qui ont démarré dimanche vers 21H00 (19H00 GMT), se sont poursuivies toute la nuit jusqu'aux premières heures de lundi matin, selon des médias sur place au palais présidentiel où se tient la réunion. Selon le général Chamseddine Kabbachi, porte-parole du Conseil militaire de transition, elles reprendront lundi à 21H00 "avec l'espoir d'arriver à un accord définitif". "Nous ne sommes pas pressés pour une victoire cruciale", avait indiqué à l'aube sur Twitter l'Association des professionnels soudanais (SPA), pilier du mouvement de protestation. "Quelle que soit l'issue des négociations, il s'agit d'un pas en avant", avait-elle assuré, ajoutant qu'elles portaient sur "l'autorité de transition". Les leaders de la contestation veulent à tout prix qu'un civil dirige cette future institution clé, après un appel pressant de la communauté internationale à ce que les négociations débouchent sur une transition "vraiment dirigée par les civils". Fer de lance de la contestation, l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC) avait indiqué dimanche que les négociations se focaliseraient sur la répartition, entre armée et contestation, des sièges du Conseil souverain ainsi que sur son futur chef. Les généraux insistent pour y obtenir une majorité de sièges tandis que les leaders de la contestation veulent limiter la présence des militaires et placer un des leurs à sa tête. Militaires et protestataires s'étaient entendus sur plusieurs points avant la suspension des négociations: la durée de la période de transition -- trois ans -- et la création d'un Parlement composé de 300 personnes, dont les deux tiers seraient issus de l'ALC. Les négociations avaient été suspendues mercredi par le Conseil militaire dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhane, qui a pris le pouvoir après la destitution et l'arrestation le 11 avril du président Omar el-Béchir. Les militaires réclamaient la levée des barricades installées par des manifestants à Khartoum. Depuis le 6 avril, des milliers de Soudanais campent devant le QG de l'armée dans la capitale soudanaise pour demander le transfert du pouvoir à une administration civile. Vendredi, des manifestants ont démantelé plusieurs de ces barricades. Les progrès dans les discussions ont toutefois été précédés par une première poussée de violence au cours de laquelle six personnes -cinq manifestants et un militaire- ont été tuées lundi dernier. A la tête du Soudan pendant près de 30 ans, M. Béchir a été destitué par l'armée à l'issue d'un mouvement de contestation inédit déclenché le 19 décembre par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain dans un pays miné par une grave crise économique. Les manifestations se sont vite transformées en contestation du pouvoir.