La préfecture de police a reconduit son arrêté interdisant les défilés des Gilets jaunes dans plusieurs secteurs de Paris, à cinq jours d'un mouvement de grève générale qui inquiète les autorités, un an après le début d'un large mouvement de contestation populaire contre la politique du gouvernement et les conditions socio-économiques, entaché de violences policières. Les zones habituelles sont interdites (Champs-Elysées (Matignon et Elysée inclus), Assemblée nationale, Notre-Dame-de-Paris ...et les revendications ne varient pas d'un iota: "contre la précarisation généralisée. Pour la justice sociale, fiscale, climatique et une véritable démocratie". Mais ce samedi marque pour les Gilets jaunes le début du compte à rebours: "J-5 avant le blocage total et illimité du pays", jeudi 5 décembre. En revanche, plus d'une centaine de Gilets jaunes manifestent dans l'après-midi à Lille pour l'acte 55 du mouvement de contestation populaire qui a agité la France depuis un an, selon la Voix du Nord. Les Gilets jaunes se retrouvent en centre-ville de Toulouse, enclenchant le compte à rebours avant la journée de grève générale du 5 décembre. A Toulouse, le préfet de la Haute-Garonne a décidé, cette semaine encore, d'interdire l'accès à la place du Capitole aux gilets jaunes, entre 13 heures et 19 heures, sous peine d'une amende de 135 euros. Un an après le lancement du mouvement, il faut dire que les revendications ont été superficiellement satisfaites. Et ce n'est pas seulement la taxe carbone qui a mis le feu aux poudres mais il y' avait eu des tas d'annonces très défavorables aux automobilistes, outre des revendications sur le pouvoir d'achat, etc... Face à la détresse, des violences policières choquantes Depuis un an, en France, le nombre et la gravité des blessures lors des manifestations ont atteint des records : vingt-quatre manifestants ont été éborgnées et cinq ont eu une main arrachée. Parmi les victimes, se trouvent des manifestants pacifiques mais aussi de simples passants ainsi que des journalistes et observateurs. Le 2 février dernier, c'est un observateur de la Ligue des droits de l'homme qui a dû être évacué à l'hôpital après avoir été touché en pleine tête par un tir de projectile de la police. "Cette gestion des manifestations dépasse aujourd'hui le mouvement des Gilets jaunes, comme on l'a vu avec les manifestations du 1er mai et celle des pompiers. Nous-mêmes, nous avons été "nassés" alors que nous étions en mission d'observation lors des manifestations autour du G7. Et lors de la marche pour le climat du 21 septembre 2019, nous avons été gazés alors que nous manifestions pacifiquement. Aujourd'hui, le maintien de l'ordre en France consiste trop souvent à appliquer une répression immédiate et de grande ampleur au point d'entraver les libertés fondamentales". "Aujourd'hui, le maintien de l'ordre en France consiste trop souvent à appliquer une répression immédiate et de grande ampleur au point d'entraver les libertés fondamentales", selon des témoignages de Anne-Sophie Simpere,Chargée de plaidoyer Libertés à Amnesty international France. "Parce qu'elles portent atteinte au droit de manifester pacifiquement, nous condamnons les mesures disproportionnées prises par les forces de l'ordre dans de nombreuses manifestations. Nous dénonçons fermementl'emploi massif de gaz lacrymogènes, le recours aux techniques de nasses, et l'utilisation des grenades explosives GLI-F4, de grenades de désencerclement et de lanceurs de balles LBD40", a-t-elle affirmé. Droit de manifester: la France mauvaise élève Les Nations unies, le Défenseur des droits ou le Conseil de l'Europe se sont tous inquiétés de l'usage excessif de la force en France et des restrictions que cela entraîne sur le droit pour les personnes de manifester pacifiquement. Les organisations internationales, y compris la Cour européenne des droits de l'homme, reconnaissent que les Etats doivent, pour protéger la liberté d'expression, accepter dans certains cas de tolérer quelques désordres sans avoir recours à la force, comme par exemple les blocages routiers. "La répression massive et indiscriminée est non seulement illégale, mais aussi contre-productive : elle tend à radicaliser tous les participants en créant une forme de solidarité face aux forces de l'ordre. Le résultat est contre-productif car les violences ne cessent pas et les droits des manifestants pacifiques sont menacés", ajoute Anne-Sophie Simpere. Un an après le début du mouvement des Gilets jaunes en France, nous appelons le ministère de l'Intérieur à "changer de méthode en plaçant le respect des droits fondamentaux et la logique de désescalade au cœur de sa nouvelle doctrine de maintien de l'ordre", a-t-elle lancé. Quand les gilets jaunes se faisaient matraquer par la police française au nom de la démocratie, les enfants de Ghaza tombaient sous les bombes israéliennes, et les musulmans étaient persécutés en Birmanie, des faits contraires au droit international. Inquiétude de la Ligue des droits de l'Homme Enquêtes sur les violences policières : l'avocat de la Ligue des droits de l'Homme, Arié Alimi, s'est inquiété récemment "du travail de blanchisseuse de l'IGPN", l'Inspection générale de la police nationale. "Je pense que l'IGPN, le pouvoir politique et le parquet ne veulent pas d'enquêtes en matière de violences policières", a réagi l'avocat Arié Alimi, membre de la Ligue des droits de l'Homme sur franceinfo, après le bilan, présenté par le parquet de Paris, des enquêtes pour violences policières en marge du mouvement des "gilets jaunes". Deux policiers sont renvoyés en correctionnelle. "Quand on voit les chiffres, qui concernent seulement Paris, et qui ne sont pas définitifs puisque 72% des procédures sont encore en cours d'analyse, on peut s'inquiéter du travail de blanchisseuse de l'IGPN. "Nous avons eu un appel de l'IGPN pour une personne qui a perdu un oeil le 16 mars 2019. Nous l'avions signalé le jour même. Et ce n'est qu'aujourd'hui qu'ils nous appellent. Résultat, les vidéos qui auraient permis la manifestation de la vérité ont été perdues. Et je pense que ça s'applique à énormément de cas". A une question si chaque plainte fait l'objet d'une enquête, l'avocat a répondu: "Je pense que l' IGPN, le pouvoir politique et le parquet ne veulent pas d'enquêtes en matière de violences policières. Ils travaillent de concert. Emmanuel Macron, Christophe Castaner et la directrice de l'IGPN ont toujours dit qu'il n'y avait pas de violences policières. Le résultat, c'est l'absence de volonté d'enquêter". Au total, 2 500 blessés côté manifestants et 1 800 côté force de l'ordre : les chiffres annoncés par le gouvernement révèlent le caractère inédit des violences qui ont émaillé les manifestations en France depuis un an.