Rafaa Hadiden, caporal de la Protection civile, est la seule femme engagée en première ligne des interventions dans la wilaya de Tébessa, dont la plus marquante demeure, pour elle, celle opérée en 2019 pour l'exhumation des ossements de Chouhada de la grotte Karet Essenoune dans la commune de Boukhedra. Le caporal Rafaa, âgée de 41 ans, a rejoint le corps de la Protection civile il y a 13 ans et continue d'exercer sa fonction avec le même enthousiasme qu'à ses débuts avec en plus le capital expérience. A quelques jours de la célébration de la Journée mondiale de la femme, le caporal Rafaa a confié à l'APS qu'au départ son ambition était de rejoindre un corps de sécurité (police, gendarmerie ou armée), mais "le destin lui a réservée un autre chemin non moins important, celui de rejoindre le corps de la protection civile". "Dès mes premiers jours dans ce corps aux missions humanitaires nobles, je m'y suis attachée. Je me sent fière d'exercer un travail qui sauve des vies et vient en aide à des personnes en danger", a-t-elle déclaré. Native de la ville d'El-Aouinet, le caporal Rafaa explique que le soutien "indéfectible'' de sa famille et de ses collègues l'a beaucoup aidé dans son travail. "Etre sapeur-pompier n'est point l'apanage des hommes. Les femmes sont capables de l'exercer de la meilleure manière qui soit'', a-t-elle relevé, poursuivant que le secret de la réussite est le courage, ainsi que la confiance en Allah et en soi-même. Pour le directeur de wilaya de Protection civile, le lieutenant-colonel Sadek Draouet, le caporal Rafaa Hadiden est "un de ses éléments les plus compétents, constamment sur le terrain pour sauver des vies, escalader les montagnes ou affronter les flammes''. Cette constance en fait, assure l'officier, un modèle de persévérance, de courage et d'investissement au travail. Pour être au meilleur de sa forme et mener à bien ses interventions, Rafaa débute sa journée de travail par une séance d'entrainement physique dans une salle de sport. Outre les interventions quotidiennes pour secourir des accidentés de la route, assister des personnes en danger et évacuer des victimes, le caporal Rafaa a suivi une formation pour intégrer l'équipe de grimpeurs de montagne, créée au sein de la direction de la Protection civile de la wilaya de Tébessa. Cette formation lui a permis de participer à plusieurs interventions d'escalade en montagne pour secourir des personnes et parfois des animaux. Elle se souvient notamment être intervenue avec ses coéquipiers pour assister un jeune qui avait fait une chute dans la montagne de Bouakouss (commune El Hammamet), à un lieu périlleux difficilement accessible. Sur le plan privé, Rafaa a affirmé mener, une fois son travail terminé, une vie familiale normale aux côtés de sa mère et les autres membres de sa famille. Accomplir son devoir ... plus grande des satisfactions Une des actions à la fois les plus périlleuses et les plus méritoires effectuées par le caporal Rafaa a été d'exhumer en janvier 2019 les ossements de 24 chouhada exécutés par l'armée de colonisation française en 1957, puis jetés dans la grotte Karet Essenoune, située dans la commune de Boukhgedra. Lancée après obtention de l'aval du ministère des Moudjahidine, l'opération à laquelle les autorités publiques locales accordaient une grande importance avait duré 15 jours et avait mobilisé d'importants moyens humains et matériels, se rappelle Rafaa. "J'étais pleinement consciente des risques, notamment d'effondrement, à chaque fois que je traversais le tunnel de plusieurs mètres creusés pour atteindre l'excavation et en ressortir les ossements de Chouchada, mais l'appel du devoir était plus fort que la peur'', a relevé le caporal Rafaa. "Un sentiment de peur m'envahissait parfois notamment durant la nuit mais je me ressaisissais rapidement en récitant des versets du saint Coran, en allumant la torche placée sur le casque et en enfilant le harnais d'escalade pour descendre au fonds de la grotte'', ajoute la sapeur-pompier. Les larmes des enfants et petits-enfants de chouhada enterrés dans la grotte me poussaient à accomplir mon devoir jusqu'au bout et la plus grande satisfaction a été de sortir tous les martyrs et de les réinhumer au cimetière de chouhada de Boukhedra, a-t-elle fièrement déclaré. Le caporal Rafaa était également en première ligne lors des opérations de secours des victimes des inondations de 2018 à Tébessa.