Les pays en proie à un conflit au Proche et Moyen-Orient ont besoin d'un soutien de toute urgence pour freiner la propagation du Covid-19 et se préparer à un après-crise qui risque d'être dévastateur, prévient Fabrizio Carboni, le représentant régional du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). "Le Moyen-Orient est aujourd'hui confronté à la double menace d'une épidémie de coronavirus dans les zones de conflit et d'une crise socioéconomique imminente qui, conjuguées, pourraient avoir de graves conséquences humanitaires", souligne M. Carboni le directeur régional pour le Proche et Moyen-Orient au CICR dans un communiqué rendu publique vendredi. En effet, de l'avis du représentant du CICR, la pandémie de Covid-19 risque d'entraîner dans son sillage "un séisme socioéconomique mondial", qui risque de frapper les zones de conflit de la région, où "des millions de personnes pâtissent déjà de la pénurie ou de l'absence totale de soins de santé, de nourriture, d'eau et d'électricité, de la perte de leurs moyens de subsistance, de la hausse des prix et de la destruction des infrastructures". A ce titre, le responsable régional, soutient que "les besoins humanitaires déjà criants vont augmenter, tandis que de nouveaux apparaîtront, si la communauté internationale ne tient pas compte, dans sa réponse à la pandémie, des risques de répercussions socioéconomiques qui y sont liés". Aussi, faut-il soutenir, que "les autorités et les intervenants locaux dès aujourd'hui, si l'on veut, demain, sauver des vies, préserver les moyens de subsistance et garantir la sécurité économique des habitants de la région". Risque d'une hausse des maladies chroniques et la malnutrition Bien qu'elles soient indispensables, les mesures de distanciation sociale décrétées dans la région comme ailleurs, tels que le confinement ou le couvre-feux, "font que de nombreuses personnes ont du mal à pourvoir à leurs besoins et à ceux de leur famille ou n'y parviennent tout simplement pas", ajoute Carboni. Puisque, explique-t-il, les petits commerces sont fermés, les cafés aussi et les vendeurs de rue se sont retrouvés du jour au lendemain sans gagne-pain. En outre, le passage au télétravail pourrait "laisser beaucoup de monde à la traîne. A terme, le nombre de personnes souffrant de la faim, de malnutrition, de maladies chroniques et de stress en raison de difficultés économiques risque de s'envoler", avertit le responsable. En terme de chiffres, le CICR fournit un soutien dans le domaine de l'eau de l'assainissement aux autorités des pays de la région, dont la Syrie, Yémen, Irak, Jordanie, Palestine (Ghaza, et Cisjordanie) et le Liban. Ces aides ne touchent que deux millions de personnes, alors que rien que dans ces trois pays (Irak Yemen, Syrie) au moins 40 millions de personnes ont besoin d'une assistance humanitaire. En 2019, trois des cinq opérations menées par le CICR étaient dans les trois pays. En collaboration avec les partenaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, le CICR met tout en œuvre pour aider les personnes les plus vulnérables de la région et redoublent d'efforts pour prévenir la propagation du virus. Au Yémen, dont la moitié des structures de santé ne sont pas opérationnelles, le CICR investit spécialement dans la sensibilisation des personnels de santé à la prévention du Covid-19. En Syrie et en Irak, et toujours dans le cadre de la prévention contre le COVD6-19, l'Organisation intervient notamment dans les prisons, dans les camps de déplacées, afin que les gens puissent se laver avec de l'eau propre.