Les membres de l'Assemblée populaire nationale (APN) ont adopté, mardi à l'unanimité, le projet de loi instituant le 08 mai Journée nationale de la Mémoire. Lors d'une plénière présidée par Slimane Chenine, président de l'APN, en présence de la ministre des Relations avec le Parlement, Basma Azouar et du ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Tayeb Zitouni, 140 députés présents et 110 autres ont voté par procuration en faveur du projet de loi. Le rapport complémentaire élaboré par la Commission des affaires juridiques, administratives et des libertés, renfermait 8 amendements des quatre (04) articles proposés du Projet de loi, dont six (06) articles ont été adoptés, tandis que deux propositions ont été incluses parmi les recommandations qui seront soumises aux parties concernées (ministère des Moudjahidine et des Ayants-droits) pour examen. Il s'agit d'un nouvel article qui stipule: "Sont appelés +martyrs+ les victimes des massacres perpétrés par le colonialisme français, le 8 mai 1945". L'autre article prévoit, en outre, " la criminalisation des actes perpétrés par le colonialisme français inique le 8 mai 1945 contre le peuple algérien". A ce propos, la Commission spécialisée a justifié ce point par le fait que le remplacement du terme +martyrs+ par +victimes+ "ne relève pas du champs de la présente loi, car cette question est énoncée dans la Loi n 99/07 qui définit le moudjahid et le chahid et fixe la période pour l'octroi du statut de chahid aux adhérents dans les rangs de la Glorieuse Révolution". A cet effet, le ministre des Moudjahidine a fait savoir qu'un atelier au niveau de son secteur s'attelait actuellement à l'examen de cette question, soulignant que toutes les propositions et avis y afférents avaient été adressés aux organisations et associations sectorielles concernées pour examen. Les Algériens s'accordent sur ce sujet. Un travail colossal sera mené pour immortaliser et glorifier l'histoire et la mémoire de l'Algérie et nous sommes entièrement d'accord avec les propositions des députés", a fait valoir M. Zitouni, soulignant que le projet de loi, une fois les travaux des membres dudit atelier achevés, sera soumis après consultation au Gouvernement, au Conseil des ministres puis au Parlement. Le ministre a également fait état d'un autre projet de loi en préparation à travers cinq (5) propositions se rapportant à des étapes historiques traversées par l'Algérie à l'époque coloniale. Les amendements retenus concernent la reformulation de l'article premier et le maintien de la formulation de l'article 2 tel que proposée dans le rapport préliminaire alors que les amendements liés à l'article 3 du texte ont été retirés à la demande de leurs auteurs. Au terme du vote, M. Zitouni a affirmé que le Parlement algérien "vient d'inscrire son nom en lettres d'or en honorant la mémoire des valeureux martyrs, notre histoire, nos aïeux et l'Algérie". Pour le président de l'APN, ce projet de loi fait l'unanimité car "ayant trait à la mémoire nationale". Il va sans dire que la Révolution et ses symboles rassemblent les Algériens plus que tout, a-t-il estimé, affirmant que "notre devoir envers les martyrs nous impose de demeurer attachés aux constantes de la Nation de manière à préserver l'unité des Algériens". Et d'ajouter que "les députés sans exception et indépendamment de leurs appartenances politiques souscrivent à ces demandes", relevant que la revendication réclamant une loi criminalisant le colonialisme "est une demande populaire qui n'émane pas uniquement de parlementaires, d'un gouvernement ou d'administrations régaliennes". A noter que les membres de l'APN ont, quant à eux, valorisé dimanche ce projet de loi, qualifiant cette décision de "courageuse et d'historique", eu égard à son importance. Les interventions des députés ont porté sur "la nécessité" d'ancrer les éléments de l'identité nationale et les idéaux du 1er Novembre chez les générations montantes. De même qu'ils ont mis l'accent sur l'impératif d'écrire l'Histoire des différentes périodes coloniales et non seulement celle de la Guerre de libération. L'adoption du 8 mai comme Journée nationale de la Mémoire est en soi un hommage aux victimes des massacres du 8 mai 1945 perpétrés par la France coloniale à l'encontre d'Algériens innocents et désarmés. C'est également une commémoration de leur héroïsme qui sera célébrée sur l'ensemble du territoire national par l'organisation d'activités et de manifestations aussi bien nationale qu'auprès de la communauté algérienne établie à l'étranger. Ces festivités visent aussi à rappeler aux générations montantes "l'héroïsme et les sacrifices de leurs aïeux pour que le peuple algérien puisse jouir de la liberté et de l'indépendance et vivre dans la dignité sur sa terre, uni et fier de son passé auquel il devrait s'inspirer pour bâtir son avenir dans le cadre de la démocratie et la justice sociale". Le texte rappelle que les massacres du 8 mai 1945, qui ont constitué un "tournant décisif et un point crucial" pour la préparation d u déclenchement de la Révolution de libération nationale, un 1er novembre de l'année 1954, demeurent "une image vivante et immortelle gravée dans la mémoire du peuple algérien et une page rayonnante de sa lutte et son action militante dont l'histoire en est témoin et dont le message doit être transmis aux générations montantes".