La création d'un ministère de la Transition énergétique dans le cadre du remaniement ministériel auquel a procédé mardi le président de la République devrait impulser une forte dynamique à la concrétisation du programme des énergies renouvelables au cours des cinq prochaines années, ont indiqué à l'APS des experts. Pour l'expert pétrolier et ancien PDG de Sonatrach, Nazim Zouioueche, la création d'un département ministériel dédié à la transition énergétique et aux énergies renouvelables, à la tête duquel a été désigné le Professeur Chems Eddine Chitour, impulsera "une dynamique à la concrétisation du programme des énergies renouvelables tracé par le Gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre des engagements du président de la République". "Nous attendions depuis longtemps cette décision (la création d'un ministère de la transition énergétique) qui est judicieuse et importante en ce qu'elle permettra d'améliorer les chiffres des réalisations actuels en matière d'énergies renouvelables, qui ne dépassent pas 400 MW", a-t-il dit. "Ce nouveau ministère, dont le premier responsable compte parmi les compétences nationales, mettra fin au problème de la définition des prérogatives en termes de gestion du dossier de la transition énergétique et des énergies renouvelables", a estimé l'expert. "Il y a maintenant un seul responsable ce qui permettra de concrétiser le programme des énergies renouvelables à l'horizon 2035", a-t-il ajouté. Pour sa part, le professeur d'économie à l'Université d'Ouargla, Slimane Nacer, a considéré que la décision de création de ce ministère "est importante pour l'accélération de la concrétisation de la transition énergétique en ce sens où elle imprimera une plus grande dynamique à la mise en œuvre du programme des énergies renouvelables". Relevant le "grand retard" accusé dans la concrétisation de la transition énergétique et le développement de l'énergie solaire en Algérie, il a souligné que l'instabilité des prix du pétrole confirme plus que jamais l'impératif de se tourner vers l'exploitation des énergies renouvelables, surtout solaire. A noter que le Gouvernement a tracé, dans le cadre de la mise en œuvre du programme du président de la République, un programme de développement des énergies renouvelables prévoyant la production de 15.000 MW électricité à l'horizon 2035, dont 4.000 MW d'ici à 2024. En matière d'efficacité énergétique, la démarche du gouvernement vise la généralisation des procédés d'isolation thermiques dans les nouvelles constructions, la mise en place d'un programme national pour la conversion des véhicules au GPLc, le développement du GNC pour les véhicules de transport collectif, l'équipement du réseau d'éclairage public et des administrations publiques en dispositifs à basse consommation ainsi que la mise en place d'un cadre réglementaire interdisant l'importation et la production d'équipements énergivores. Il est question également d'élargir le dispositif incitatif à l'investissement aux filières permettant la localisation de l'activité de production d'équipements et de composants dédiés à l'efficacité énergétique. Des projets de production d'électricité à partir de sources d'énergies renouvelables ont été déjà réalisés, à travers le lancement d'une centrale électrique hybride fonctionnant à l'énergie solaire et au gaz à Hassi R'mel en 2011, suivi de la réalisation d'autres projets, dont la centrale de Ghardaïa avec 1,1 MW et une ferme éolienne à Adrar d'une capacité de 10,2 MW. Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune avait mis l'accent à plusieurs reprises sur l'urgence de sortir l'Algérie de la dépendance aux hydrocarbures. Lors du Conseil des ministres tenu mars dernier, le Président de la République avait rappelé que "l'objectif à atteindre dans les cinq années à venir est de concrétiser une transition énergétique basée sur l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables de façon à répondre aux besoins de la consommation interne croissante". Il s'agit également de la généralisation des techniques de pointe pour assurer l'énergie, à l'instar des systèmes d'éclairage intelligent et les détecteurs au niveau des administrations, des structures publiques et du secteur économique. Il a appelé, dans ce cadre, à la mise en place d'une politique d'efficacité énergétique stricte pour mettre fin au gaspillage et préserver en permanence les ressources énergétiques du pays, valoriser et renouveler les ressources d'hydrocarbure en vue de reconstituer les réserves déjà consommées. En vue de réaliser la transition énergétique escomptée, l'Algérie s'est dotée d'un Commissariat national aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique (CEREFE). Présidé par le Pr. Noureddine Yassaa, le CEREFE vise à renforcer la stratégie nationale en matière des énergies renouvelables et à insuffler la dynamique nécessaire pour la concrétiser.