Le nouveau gouvernement tunisien, composé essentiellement de technocrates, annoncée tard dans la soirée de lundi, est le second en six mois qui doit encore obtenir l'approbation du Parlement alors que le pays fait face à des "défis socio-économiques" majeurs. Ce cabinet de "compétences indépendantes", présenté lundi à minuit par le chef du gouvernement désigné Hichem Mechichi au président Kais Saied, "devra travailler à concrétiser des réalisations dans les domaines économique et social", a déclaré M. Mechichi. Ce dernier a été reçu par le président auquel il a remis la composition du gouvernement pour la transmettre, à son tour, au Parlement dans les heures qui viennent. M. Mechichi a affirmé, à l'occasion, son "engagement de faire en sorte que le gouvernement travaille en toute indépendance et dans un esprit d'interactivité et de coopération avec toutes les composantes du paysage parlementaire et les différentes familles politiques". Toutefois, selon les médias locaux, des partis et groupes parlementaires se sont dit "mécontents" d'avoir été "écartés" du cabinet, tout en évoquant la "nécessité de voter la confiance à ce gouvernement pour éviter d'entraîner le pays, déjà à la peine économiquement, vers des législatives anticipées". Le cabinet compte huit femmes sur 28 ministres et secrétaire d'Etat, dont nombre sont peu connus du grand public. Parmi eux, des hauts fonctionnaires, des universitaires ou des cadres du privé. Un patron de banque, Ali Kooli, prend la tête d'un ministère centralisant Economie, Finances et Investissement. Le porte -feuille des Affaires étrangères a été confié à Othman Jarandi, un diplomate de carrière ayant déjà occupé ce poste en 2013. Le ministre de la Défense, Ibrahim Bartagi, est un universitaire. Lire aussi: Tunisie: la classe politique tenue en haleine à la veille de l'annonce d'un nouveau gouvernement D'après les médias, le gouvernement Mechichi ne satisfait pas ainsi les demandes des partis Ennahdha et Qalb Tounes de former une "équipe politique" comprenant des membres des différents partis. Hichem Mechichi est le troisième chef du gouvernement désigné depuis les élections législatives d'octobre 2019. Le parti dominant au Parlement issu des législatives, Ennahdha, n'a qu'un quart des sièges et peine à former une coalition. Un Premier ministre choisi par Ennahdha avait échoué en janvier à convaincre une majorité de députés. Le chef du gouvernement actuel, Elyes Fahfakh, nommé par le président Kais Saied, a été poussé à la démission en juillet sur fond de soupçon de "conflit d'intérêt". M. Mechichi, ministre de l'Intérieur et chef du gouvernement désigné, a lui aussi été choisi par M. Saied, mais son cabinet ne comprend que quelques ministres sortants. Le sort du nouveau gouvernement tunisien doit être décidé lors d'une session exceptionnelle du Parlement dans les dix jours qui viennent. Le nouveau cabinet devra alors obtenir le soutien d'au moins 109 députés sur 217. A défaut, le président Saied pourrait dissoudre l'Assemblée et déclencher des élections anticipées pour début 2021. Le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, tout en critiquant "le choix d'écarter les partis", a reconnu dimanche que les partis politiques pourraient se résoudre à "soutenir le gouvernement pour éviter un nouveau scrutin". "Rejeter ce gouvernement est un problème car cela laisse le pays dans le vide, et voter pour lui est un problème aussi car le gouvernement ne représente pas les partis ni le Parlement", a-t-il dit.