Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati, a affirmé dans une allocution adressée aux élèves magistrats, en marge de l'inauguration, mardi, du nouveau siège de l'Ecole supérieure de la magistrature (ESM) à Koléa (Tipasa), que la magistrature n'est pas une source de richesse, mais une profession noble et difficile. "Celui qui pense que la magistrature est une profession, source de richesse, se trompe", a soutenu Zeghmati, à cette occasion, appelant les élèves magistrats à faire prévaloir les valeurs de "l'honneur, de la noblesse, de la morale et de l'honnêteté". Et de poursuivre, "celui qui a choisi la magistrature dans l'intention de s'enrichir, et non d'assumer une lourde responsabilité en consacrant la justice entre les citoyens, a commis une grave erreur et sera pointé du doigt", a-t-il ajouté, soutenant que la "magistrature n'a jamais été et ne sera jamais une source de richesse". Mettant en garde contre le "jugement de la société", le ministre de la Justice a assuré, en outre, que le "secret" de la réussite du magistrat dans son parcours professionnel réside dans le "respect de l'obligation de réserve, sa morale, et sa bonne réputation, qui lui permettent d'occuper une position sociale de choix, qui est en elle même (position), une richesse inestimable", a-t-il indiqué. M.Zeghmati a soutenu, à ce titre, que "le respect de l'obligation de réserve permet au juge de prétendre à une position de choix au sein de la société, en devenant un modèle pour son environnement proche et lointain", a-t-il dit, observant que le juge est une "personne de confiance". "On confie au juge les droits et les libertés, l'honneur et la vie privée des gens" a-t-il poursuivi, estimant qui s'agit là d'une"trilogie effroyable", au sens large du terme, que le juge ne peut appliquer que s'il "se soumet à l'obligation de réserve, qui est la clé de la réussite", a affirmé Zeghmati. Le ministre de la Justice, Garde des sceaux a réitéré, par la même occasion, la détermination de son département ministériel à réaliser des changements radicaux dans le système de formation en magistrature, exprimant son souhait que la promotion qui a rejoint aujourd'hui l'ESM, pour une formation de quatre ans, sera la "première promotion de magistrats de la nouvelle Algérie, dans le sens large du terme". A noter que le ministre a inspecté les différentes commodités de cette Ecole, inaugurée ce mardi, en présence du président du Conseil constitutionnelle, du premier président et du procureur général prés la Cour suprême, le directeur de la justice militaire auprès du ministère de la Défense nationale, la présidente du Conseil d'Etat, et le commissaire d'Etat auprès du Conseil d'Etat. Durant sa tournée au niveau des différentes structures de formation de cet Etablissement, Zeghmati a particulièrement insisté sur l'impératif de "s'adapter aux exigences de cette époque, en s'appuyant davantage sur les moyens et les nouvelles technologies de communication, notamment, l'e-formation et la numérisation des différents services de l'ESM". Il a, également, plaidé pour la nécessité d'œuvrer régulièrement à "développer le système de formation, qui sera changé radicalement et ce par le renforcement de la coopération avec les universités et la communauté de la recherche scientifique et académique", a-t-il indiqué. "L'orientation mondiale actuelle nous impose l'obligation extrême d'adopter la spécialisation et de former des magistrats spécialisés, notamment dans les domaines administratif, les finances, les domaines de l'Etat, et la loi sur les marchés publics, entre autres", a-t-il souligné. Lors de sa discussion avec le Directeur général de l'Ecole et son staff pédagogique, le ministre a, également, appelé à une "ouverture sur le milieu universitaire, à travers la signature de conventions de coopération, et la multiplication des initiatives d'échanges". "Les Cours de justice sont, également, appelées à signer des conventions de coopération avec les universités", a-t-il ajouté. A noter que le ministre de la Justice, Garde des Sceaux a procédé à l'installation d'Abldelkrim Djadi, en tant que nouveau directeur général de l'ESM, considéré comme un nouvel acquis pour le secteur de la justice en Algérie, a-t-il estimé. Cette nouvelle école est dotée d'une capacité d'accueil de 1000 places pédagogiques. Quelque 116 étudiants se sont inscrits, cette année, pour y suivre une formation de base, suite à un concours d'accès. La formation des étudiants en magistrature s'étale sur quatre années, dont deux ans de stage pratique, en alternance avec une formation théorique et appliquée. Réalisée dans un style architectural moderne, en conformité avec les normes de qualité en vigueur, l'ESM s'étend sur une superficie de 120.000 M2.