L'actualité du patrimoine culturel algérien aura été marquée lors de l'année écoulée par le classement récent, au nom de quatre pays maghrébin, du couscous au patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'Unesco, mais aussi par l'interruption de toute activité dans les musées et un passage à des activités virtuelles imposé par la pandémie de coronavirus. Le 16 décembre le couscous et les savoirs, savoir-faire et pratiques liés à sa production a été inscrit à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l`humanité par l'Unesco au nom de l'Algérie, de la Tunisie, de la Mauritanie et du Maroc lors de la 15ème session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Avec ce classement le nombre d'éléments du patrimoine culturel algérien classé est porté à sept après l`Ahellil du Gourara (2008), la "Chedda" costume nuptial de Tlemcen (2012), l`Imzad (2013) dossier présenté par l`Algérie incluant le Mali et le Niger, le pèlerinage du Rakb de Ouled Sidi Cheikh (2013), la fête de la Sebeïba (2014), un événement annuel célébré à Djanet (sud-est algérien) ainsi que le "Sbuâ du mawlid ennabaoui" (2015). Lire aussi: Le couscous, un plat fédérateur, rassembleur et réconciliateur Cependant l'activité en lien avec le patrimoine culturel a été suspendue pendant près de six mois avec la fermeture des musées, musées de site et chantiers de fouilles archéologiques et de restauration dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus ce qui a amené ces établissements à travailler sur Internet en proposant des visites guidées virtuelles. Après la fermeture d'un très grand nombre de musées et musées de site à travers le monde, l'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (Ogebc) a proposé au public, à partir du mois de mars, des visites guidées virtuelles quotidiennes de musées et de sites archéologiques algériens sur ses pages des réseaux sociaux. La célébration du mois du patrimoine (18 avril-18 mai) s'est elle aussi déroulée virtuellement avec une multitude de conférences et ateliers de formation pour le personnel du secteur. Cette urgence de basculer sur la toile a cependant révélé un retard en matière de contenu numérique dans le domaine du patrimoine, de nombreux établissements muséaux ont réalisé des vidéos amateurs pour parer à l'absence de contenu élaboré et prêt à l'emploi. Un regain d'intérêt pour l'exploitation et le cadre légal En novembre dernier la ministre de la Culture et des Arts, Malika Bendouda avait présenté, lors d'une rencontre du gouvernement, l'avant-projet de loi modifiant la loi N 98-04 du 15 Juin 1998 relative à la protection du patrimoine culturel. Cet avant-projet de loi vise à combler les vides juridiques enregistrés dans la mise en œuvre de la loi n 98-04, en renforçant la protection du patrimoine culturel national avec l'introduction du concept de "lieu historique de mémoire", ce qui permettra de classer les lieux qui témoignent de l'existence de vestiges archéologiques et/ou monuments historiques qui ont été le théâtre d'évènements importants à travers les périodes préhistoriques ou historiques. Par ailleurs, il prévoit l'aggravation des sanctions pénales prévues en matière d'atteinte au patrimoine culturel national et élargit la sphère d'intervention sur les biens culturels et les sites archéologiques aux architectes qualifiés sur travaux, aux entreprises employant des artisans qualifiés ainsi qu'aux archéologues qui, désormais, pourront se constituer en bureaux d'études. Lire aussi: Le couscous classé au patrimoine immatériel de l'humanité par l'Unesco Un autre conseil interministériel consacré à l'examen du dossier relatif à la sauvegarde de la Casbah d'Alger s'est également tenu récemment et s'est soldé par des instructions du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, en direction de tous les secteurs concernés afin d'élaborer une feuille de route commune pour la mise en place d'une stratégie globale pour la sauvegarde de la Casbah d'Alger. Cette année, la citadelle d'Alger, monument historique datant de la fin du XVIIIe siècle, siège du pouvoir politique de la régence d'Alger à la fin de la période ottomanea ouvert ses portes aux visiteurs avec un parcours comprenant les parties restaurées du site. De nombreux projets d'aménagement et d'exploitation commerciale des différents sites du patrimoine, en partenariat avec de petites entreprises, ont été annoncés par le ministère et l'Ogebc.