C'est lundi à Alger, qu'a annoncé le ministre de la Culture Azzeddine Mihoubi un "renforcement" des dispositions de sauvegarde du patrimoine culturel algérien et une mise en uvre des conventions signées entre son département et d'autres ministères. S' exprimant lors d'un point de presse dédié à la présentation de la "Stratégie du ministère de la Culture en matière de sauvegarde du patrimoine, M. Mihoubi a annoncé une série de dispositions pour sa préservation et sa valorisation dont celle de "l'élargissement du classement aux lieux de mémoire", en partenariat avec le ministère des Moudjahiddine. Des sites et monuments historiques de la période de la Guerre d'indépendance ont été récemment classés biens culturels, à l'exemple du siège du Gpra (Gouvernement provisoire de la République algérienne, ex-Rocher noir, Boumerdès), des deux maisons où a été dactylographié l'appel du 1er novembre 1954 (Ighil-Imoula, Tizi-Ouzou), et de la Villa Susini, une bâtisse néo-mauresque d'Alger transformée en lieu de torture par l'armée coloniale. Parlant de la collaboration avec le ministère de l'Education nationale, M. Mihoubi a évoqué un travail en cours entre les deux départements pour l'"incorporation de textes du patrimoine littéraire et poétique algériens" dans les prochains programmes scolaires. Le ministre a également annoncé la création d'un portail virtuel de référence pour recenser et présenter les costumes traditionnels algériens ainsi que l'organisation d'évènements thématiques en collaboration avec le ministère de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat. Ces dernières dispositions entrent dans le cadre de la sauvegarde du patrimoine immatériel et de sa protection contre de toutes "tentatives d'usurpation et d'appropriation", a expliqué le ministre. Il a, par ailleurs, annoncé une "révision" de La loi 98-04 régissant le patrimoine culturel qui devra être, a-t-il dit, "adaptée aux réalités d'aujourd'hui". Un responsable au ministère de la Culture avait indiqué en avril dernier que l'introduction d'amendements à la Loi 98-04 étaient à l'étude. Ces amendements concernent l' "aggravation des peines" pour les atteintes au patrimoine culturel et l' "introduction d'un ancrage juridique" pour l'arch éologie préventive, avait expliqué la même source. Evoquant le secteur des musées, le ministre de la Culture a plaidé pour donner une vocation économique à ces établissement qui sont au nombre de 48 (23 musées nationaux et 25 musées de sites), en plus de "la mise en place prochaine" de l' "Observatoire des musées" annoncé en 2015. Evoquant le dernier amendement de la Constitution érigeant le droit à la Culture comme droit fondamental du citoyen, M. Mihoubi a rappelé que son département se devait de "préserver, restaurer et valoriser" le patrimoine culturel national. LA WILAYA D'ALGER S'OCCUPERA DE LA CASBAH Invoquant le sujet du dossier de réhabilitation et de valorisation de la Casbah d'Alger, initialement sous tutelle de son ministère, sera désormais géré par les services de la wilaya d'Alger, a annoncé le ministre. Le responsable a précisé que son département continuera à "assurer l'appui et le suivi technique" par le biais de l'Agence de réalisation des grands projets culturels (Arpc). La wilaya d'Alger assurera la gestion de ce dossier "important" du patrimoine matériel "en adéquation" avec le plan permanant de sauvegarde et de mise en valeur adopté par le Gouvernement en 2012, a-t-il ajouté. Classé au patrimoine mondial par l'Unesco en 1992, la Casbah d'Alger a été érigée secteur sauvegardé avant l'adoption du plan permanant de sauvegarde et de mise en valeur avec une enveloppe financière de 90 milliards de dinars, dont 24 alloués en 2013. Ce tissu urbain, de plus de 60 000 habitants sur une superficie de 105 hectares, était géré depuis 2008 par l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés (Ogebc) avant la mise en place en 2013 de l'Agence nationale des secteurs sauvegardés (Anss). Malgré des travaux d'urgences entamés depuis 2006, cette cité millénaire où se côtoient le bâti colonial et les douirettes connaît régulièrement des détériorations de bâtisses dont les derniers remontent au séisme du mois d'août 2015. Dans un autre palier du patrimoine, l'Algérie a déposé trois nouveaux dossiers de classement à la liste représentative du patrimoine mondial de l'humanité, a annoncé lundi à Alger le directeur du Centre national de recherche préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah), Slimane Hachi. S'exprimant lors de même point de presse, Slimane Hachi a annoncé que l'Algérie projetait de classer le "Raï, chant populaire algérien", "La distillation de roses et fleurs" et les savoir-faire qui y sont liés, ainsi que le métier de "Mesureur d'eau" qui gère l'alimentation en eau dans le sud de l'Algérie.Ces trois dossiers ont été finalis és par le Cnrpah et "déposés en mars dernier" au niveau de l'institution onusienne, a précisé Slimane Hachi. LE CLASSEMENT DU RAÏ UNE "FORME D'EXPRESSION MUSICALE FEMININE" Le classement du raï comme chant populaire algérien est une volonté de classer ce genre musical et ses textes de poésie tels qu'ils avaient existés au début du siècle dernier comme "forme d'expression musicale et poétique féminine", a expliqué, pour sa part, Abdelkader Bendameche, Président du Conseil des Arts et des Lettres. La distillation de roses et de fleurs, très répandue dans la ville de Constantine mais aussi à Médéa et Blida, et les savoir-faire s'y rapportant sont également proposés au classement, tout comme le métier de "Mesureur d'eau", un savoir ancestral de gestion de l'eau dans le sud algérien comprenant des calculs de rationnement complexes. Slimane Hachi a, en outre, annoncé que le Cnrpah préparait également un dossier maghrébin pour le classement du "Couscous" ainsi que des dossiers sur les chants "Sraoui" et "Achouiq" et sur les bijoux traditionnels de Beni Yenni. L'Algérie compte six éléments classés à la liste représentative du patrimoine de l'humanité: Ahellil du Gourara (2008), le costume nuptiale féminin de Tlemcen (2011), le pèlerinage du Rakb de Sidi Cheikh (2013), l'Imzad ( 2013), la fête de la Sbeiba à Djanet (2014) et le Sbouâ de Timimoun (2015).