Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, doit entamer dimanche à Téhéran des entretiens sur le nucléaire iranien pour tenter de trouver une "solution mutuellement acceptable" alors que l'échéance fixée par l'Iran pour la levée des sanctions américaines arrive à sa fin. La visite de Rafael Grossi, arrivé samedi dans la capitale iranienne, intervient avec la date limite fixée au 21 février par le Parlement iranien pour restreindre certaines inspections de l'AIEA, suscitant l'inquiétude quant à une éventuelle expulsion d'inspecteurs de l'ONU. La République islamique a néanmoins souligné qu'elle ne cesserait pas de collaborer avec l'AIEA et qu'elle n'expulserait pas d'inspecteurs de l'ONU. Aucun détail sur la visite de M. Grossi n'a été divulgué jusqu'ici. Il doit "rencontrer de hauts responsables iraniens pour trouver une solution mutuellement acceptable compatible avec la loi iranienne", afin que l'AIEA puisse "poursuivre les activités de vérification essentielles en Iran", a tweeté vendredi M. Grossi. Téhéran avait fait part de son intention de cesser "de mettre en oeuvre des mesures unilatérales de transparence", notamment l'accès des inspecteurs de l'AIEA à des installations non nucléaires, y compris des "sites militaires suspects" si les Etats-Unis ne lèvent pas leurs sanctions imposées depuis 2018. Lire aussi: AIEA : Téhéran espère que l'Agence reste "neutre" dans sa mission Les nouvelles mesures entreront en vigueur à partir de mardi, selon l'ambassadeur d'Iran auprès de l'AIEA. Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, est apparu, samedi soir, dans un programme télévisé en direct afin de passer en revue les dernières évolutions concernant l'accord nucléaire de Vienne. Abbas Araghchi, a déclaré lors de cette interview télévisée: "Quinze rapports de l'AIEA confirment le plein respect de la République islamique d'Iran vis-à-vis l'accord sur le nucléaire iranien, appelé Plan d'action global conjoint (JCPOA). Cela constitue une preuve documentée et indéniable pour montrer que l'Iran a complètement réalisé ses engagements". Le porte-parole de l'Organisation de l'énergie atomique iranienne, Behrouz Kamalvandi, avait indiqué mercredi que les deux parties discuteraient de la manière de mettre fin aux "actions unilatérales au-delà (des mesures) de sauvegarde", et de "poursuivre la coopération". Biden appelle à une "diplomatie prudente" La visite du directeur de l'AIEA à Téhéran intervient aussi après l'appel lancé vendredi par le président américain, Joe Biden, aux puissances européennes à travailler de concert avec les Etats-Unis pour répondre aux "activités déstabilisatrices" de l'Iran, un jour après s'être engagé à reprendre les pourparlers sur son programme nucléaire. Biden a déclaré à la conférence de Munich sur la sécurité que les Etats-Unis travailleraient en étroite coopération avec leurs alliés pour traiter avec l'Iran, une "approche contrastant avec celle, unilatérale et agressive", de son prédécesseur Donald Trump. "La menace de prolifération nucléaire requiert encore une diplomatie prudente et de la coopération entre nous", a déclaré M. Biden à ses alliés européens, également parties de l'accord sur le nucléaire iranien. "C'est pour cela que nous avons déclaré être prêts à reprendre les négociations du groupe 5+1 sur le programme nucléaire iranien", a-t-il ajouté en référence aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Chine) plus l'Allemagne. Téhéran a déclaré à plusieurs reprises être prêt à revenir à ses engagements nucléaires à condition que Washington fasse le premier pas en levant les sanctions qui asphyxient son économie. Lire aussi: Iran : l'AIEA évoque une "avancée significative" dans la vérification nucléaire L'Iran "annulera immédiatement" ses mesures de rétorsion si les Etats-Unis "lèvent sans condition toutes les sanctions imposées et rétablies par Trump", a tweeté vendredi le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, après une offre de pourparlers de l'administration Biden. En riposte au retrait unilatéral des Etats-Unis de l'accord en 2018 sous l'ex-administration Trump, Téhéran s'est affranchi un an après de la plupart de ses engagements vis-à-vis de l'accord, tout en demandant un assouplissement des sanctions. Le porte-parole du gouvernement iranien, Ali Rabii, a affirmé samedi que la dernière initiative nucléaire de Téhéran ne l'empêcherait pas de répondre à toute démonstration de bonne volonté de Washington et a exprimé son "optimisme concernant le processus diplomatique en cours". Ce n'est "ni contre nos engagements ni un obstacle à une réponse proportionnée et appropriée à toute action américaine prouvant (sa) bonne volonté", a-t-il écrit dans un éditorial publié dans l'Iran, le quotidien du gouvernement. "Nous pouvons prédire avec certitude que les initiatives diplomatiques fonctionneront bien", a indiqué M. Rabii, estimant "les allers-retours diplomatiques" tel "le prélude naturel au retour de toutes les parties à des engagements, y compris la levée de toutes les sanctions dans un proche avenir".