La situation au Sahara occidental est "sensible" et "dangereuse", a déclaré mercredi, le représentant du Front Polisario en Europe et auprès de l'Union européenne, Oubi Bouchraya El Bachir qui a assuré que la question sahraouie ne se résumait pas à la seule désignation d'un envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental. Dans une déclaration faite à l'APS, peu avant la tenue de la réunion du Conseil de sécurité consacrée au Sahara occidental, M. Oubi Bouchraya a estimé qu'il existait une "volonté suspecte" de réduire la cause sahraouie et la situation dans les territoires occupés à la seule question de la désignation d'un envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental. "Il s'agit d'une vision superficiel qui ne permet pas de parvenir à une solution juste et rapide à même d'éviter des conséquences fâcheuses pour la région", a soutenu le diplomate sahraoui. La situation au Sahara occidental est "sensible" et "dangereuse", a expliqué le diplomate assurant qu'il n'était plus possible pour le Conseil de sécurité de considérer la désignation d'un envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU comme un prétexte lui permettant d'éviter d'assumer ses responsabilités. L'envoi d'un émissaire de l'ONU au Sahara occidental "sera voué à l'échec" si les vrais problèmes ayant mené au blocage d'un processus de paix de 30 ans ne sont pas réglés, a-t-il souligné. Il a démenti, par ailleurs, les affirmations de médias français accusant le Front Polisario d'être à l'origine du blocage, indiquant qu'il s'agit de médias proches du Makhzen qui tentent de dissimuler le fait que ce soit le Maroc, en refusant le référendum d'autodétermination, qui a anéanti le plan de règlement du conflit proposé par les Nations unies et l'Union africaine. "Le Maroc a également violé le cessez-le-feu après son incursion dans la zone démilitarisée de Guerguerat (Sud-ouest du Sahara occidental) et a occupé de nouvelles zones en faisant avancer le mur de sable de quelques kilomètres, ce qui a donné lieu à la reprise de la lutte armée", a ajouté M. Oubi. Lire aussi : Le Conseil de sécurité a la responsabilité de mettre fin à la colonisation du Sahara occidental Selon M. Oubi Bouchraya, c'est le Maroc qui a poussé les envoyés personnels du Secrétaire général de l'ONU à la démission et a même osé boycotter le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki Moon et chasser la composante civile de la Minurso (Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental). D'autre part, le diplomate sahraoui a affirmé que le soutien inconditionnel de la France au Maroc "a poussé l'occupant à se rebeller contre la légalité internationale", ajoutant que le Front Polisario a déclaré plusieurs fois que la désignation de l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU n'était pas un but en soi et que le plus important était sa capacité à accomplir sa mission, attirant l'attention sur l'importance que cet envoyé jouisse d'un minimum de neutralité. "Le Maroc s'oppose à la moitié des nationalités de la planète sans accorder d'intérêt aux candidats eux-mêmes", dira-t-il. Le succès de l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU dépend de la volonté du Conseil de sécurité à régler le conflit de manière équitable et définitive et sur la base de la Charte des Nations unies, explique, en outre, le diplomate. D'après lui, la situation actuelle implique une nouvelle approche, notamment depuis la violation du cessez-le-feu par le Maroc le 13 novembre dernier, assurant qu'il fallait respecter la résolution adoptée, le 9 mars dernier, par le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine et qui avait rappelé que la question sahraouie était une question de décolonisation.