L'appel au dialogue lancé récemment par le roi Mohammed VI à l'Algérie est un "écran de fumée" dissimulant les ambitions du royaume qui veut imposer son leadership au niveau régional, estime l'expert marocain Aziz Chahir. "Les propos de Mohammed VI, lors de son dernier discours du Trône, appelant notamment le président algérien à œuvrer à un dialogue entre les deux pays ne pourraient être qu'un écran de fumée visant à dissimuler les ambitions réelles du pouvoir marocain de s'accaparer un leadership régional, en tablant sur une alliance avec Israël, au sein de l'UA, notamment", indique Aziz Chahir dans une analyse publiée sur le site Middle Est Eye. D'après le politologue, l'administration américaine ne cautionne pas les "manœuvres" engagées par le Maroc et l'entité sioniste en Afrique. Ces manœuvres sont dans le viseur de la Maison Blanche, selon lui. "Dans le but d'éviter une nouvelle exacerbation des tensions dans la région, l'administration Biden a effectué des visites éclair au Maroc et en Algérie. Mais les déclarations du représentant du département d'Etat américain n'ont pas été du goût du régime marocain", signale l'auteur dans sa contribution. Aziz Chahir assure, en outre, que l'entité sioniste entend "s'adosser au Maroc afin d'assurer à terme un déploiement géostratégique en Afrique", ajoutant que "dans les faits, il est très probable que c'est en partie grâce au soutien du monarque qu'Israël a su retrouver son statut d'observateur (perdu en 2002) au sein de l'Union africaine (UA) historiquement favorable à la cause palestinienne". Sur un autre plan, l'expert pense que les objectifs recherchés à travers la normalisation entre le Maroc et l'entité sioniste sont difficiles à atteindre. "Au chapitre économique, la propagande (marocaine) évoque un flux sans précédent d'investissements israéliens vers le royaume. Un engouement à nuancer: le rétablissement des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël n'aura pas, à terme, un impact considérable sur l'économie marocaine en crise". D'un autre côté, la normalisation entre le Maroc et l'entité sioniste "pourrait nourrir (...) la radicalisation, notamment dans les rangs des forces vives pro-palestiniennes (au Maroc) et surtout parmi les mouvances islamistes dites modérées", prédit-il.