La diplomatie algérienne a décidé de riposter et fermement, contre les attaques répétées de son voisin de l'Ouest. Car si le Makhzen s'obstine à s'attaquer à l'unité et à la stabilité de l'Algérie et à actionner le danger sioniste à ses frontières, l'heure n'est plus aux mises en garde, mais à l'action. En prenant part, jeudi dernier, à une réunion interministérielle du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA), consacrée à l'examen de la mise en oeuvre de la stratégie de l'UA pour la gestion intégrée des frontières entre les Etats membres, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra, a voulu rappeler au royaume sa véritable dimension qui se limite d'être un pays aux frontières bien déterminées par la charte de l'OUA et l'Acte constitutif de l'UA, consacrant le principe du respect des frontières existant au moment de l'accession des pays africains à l'indépendance. Ses visées expansionnistes, il devrait donc les annihiler, surtout que le Conseil de paix et de sécurité de l'UA a adopté, à l'unanimité, une résolution reprenant les propositions d'Alger. Il ne s'agit là que d'une première réponse d'Alger au Royaume, dont le roi, il n y a pas si longtemps, a invité «nos frères en Algérie, pour oeuvrer de concert et sans conditions à l'établissement de relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage». Respecter la démarcation des frontières avec ses voisins pourrait bien constituer un premier gage de bonne foi! Cela reste peu probable. Surtout après les soupçons de l'implication du voisin de l'Ouest dans les derniers incendies de forêts qui ont fait plus d'une centaine de morts. Ce qui a amené le Haut Conseil de Sécurité à tenir une réunion exceptionnelle à l'issue de laquelle, il a indiqué que «les actes hostiles répétés du Maroc à l'égard de l'Algérie ont amené à reconsidérer les relations entre les deux pays et à intensifier la surveillance sécuritaire sur les frontières Ouest». Si la réaction d'Alger est ferme, c'est que ses accusations ne sont pas une vue de l'esprit. Le Maroc a multiplié, ces derniers mois, les hostilités. Il a commencé par proclamer son soutien au droit à l'autodétermination du «vaillant peuple kabyle» dans une note que son ambassadeur à l'Onu, Omar Hilale, a remis aux Etats membres du Mouvement des Non-Alignés. Cette «dérive dangereuse», qui a décidé Alger à rappeler son ambassadeur à Rabat, a été suivie, deux jours après, par l'éclatement du scandale Pegasus, consacrant l'implication du Maroc dans une vaste opération d'espionnage de personnalités publiques et de hauts responsables civils et militaires via un logiciel espion israélien. L'Algérie avait alors de nouveau réagi avec fermeté, se réservant le droit «de mettre en oeuvre sa stratégie de riposte». Les choses ne se sont pas arrêtées là, puisque c'est à partir du territoire marocain que, pour la première fois, un ministre israélien a évoqué l'Algérie comme une source d' «inquiétudes» pour son pays. Yaïr Lapid a confié avoir évoqué avec son homologue marocain leurs «inquiétudes au sujet du rôle joué par l'Algérie dans la région, son rapprochement avec l'Iran et la campagne qu'elle a menée contre l'admission d'Israël en tant que membre observateur de l'Union africaine». C'est à cette «source d'inquiétude» que Mohammed VI a tendu une fausse «main», pensant pouvoir duper Alger et dissimuler ses ambitions réelles d'accaparer le leadership régional, en tablant sur une alliance avec Israël. C'est compter sans le poids de l'Algérie.