Le représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU au Mali, El-Ghassim Wane a mis en garde, mardi, contre la détérioration de la situation humanitaire au Mali, appelant le Conseil de sécurité à prêter une attention particulière à la mise en œuvre de l'Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d'Alger. "Le conflit (au Mali) a eu un impact dévastateur sur les civils et la situation humanitaire", a indiqué El-Ghassim Wane qui est également le chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), lors de la réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Mali. "Au-delà de la transition politique, il est crucial que le Conseil de sécurité continue à prêter la même attention à la mise en œuvre de l'Accord pour la paix" et la réconciliation au Mali issu du processus d'Alger, et "à la stabilité au centre, deux autres éléments constitutifs d'un Mali stable", a-t-il assuré. El-Ghassim Wane a, en outre, souligné que "la situation sécuritaire volatile au Mali a fortement inquiété les membres du Conseil, rappelant la série d'attaques coordonnées contre les camps de la MINUSMA, ainsi que la mort de 28 Casques bleus en 2021. Selon M. Wane, "la série d'attaques coordonnées contre les camps de la MINUSMA, ainsi que la mort de 28 Casques bleus en 2021, dont 7 Togolais dans un seul incident en décembre, démontrent l'environnement dangereux dans lequel la MINUSMA fonctionne". Relevant, par ailleurs, que le conflit a eu un impact dévastateur sur les civils et la situation humanitaire, le chef de la MINUSMA a fait savoir que "le nombre de personnes déplacées est passé de 216.000 en 2020 à plus de 400.000 un an plus tard". "La situation sécuritaire qui se dégrade affecte également la production agricole alors même que plus de 1,8 million de personnes devraient avoir besoin d'une aide alimentaire en 2022 contre 1,3 million en 2021", a-t-il également expliqué. Dans des circonstances aussi difficiles, poursuit El-Ghassim Wane, "la réponse à l'appel humanitaire est restée tiède puisque seulement 38% des fonds nécessaires ont été reçus", notant "qu'un soutien plus fort de la communauté internationale est nécessaire de toute urgence pour combler ce déficit de financement". Lire aussi: L'Algérie exprime sa "pleine disponibilité" à accompagner le Mali et la CEDEAO M. Wane a également rappelé que "les Assises nationales de la refondation organisées le mois dernier au Mali, ont souligné la nécessité d'améliorer la mise en œuvre de l'Accord pour la paix" et la réconciliation issu du processus d'Alger. "La médiation internationale, menée par l'Algérie et incluant la MINUSMA et d'autres acteurs internationaux, a continué à être activement impliquée", a-t-il souligné, signalant que la médiation s'est réunie le 5 janvier courant pour la troisième fois depuis octobre 2021 et a demandé l'organisation d'une réunion décisionnelle entre les signataires maliens. D'autre part, le chef de la MINUSMA s'est longuement attardé sur les dernières sanctions de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) contre les autorités de transition au Mali. Réunie à Accra dimanche, elle a confirmé les sanctions individuelles mises en place le 12 décembre et en a prononcé de nouvelles, notamment le rappel des ambassadeurs des Etats de la CEDEAO au Mali, la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre ces Etats et le Mali, ainsi que la suspension de toutes les activités commerciales et financières. Cependant, dans une allocution à la nation lundi soir, le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goita, a appelé à l'unité et au calme, affirmant que le Mali restait ouvert au dialogue. Mardi, l'Algérie, à travers un communiqué de la présidence de la République, a exprimé sa "pleine disponibilité" à accompagner activement le Mali et la CEDEAO "dans la voie salutaire de la compréhension mutuelle autour d'une vision solidaire" qui sauvegarderait les intérêts supérieurs du peuple malien.