Confrontés à la répression des autorités marocaines et à la non satisfaction de leurs revendications socio-professionnelles, les enseignants au Maroc ont décidé de renouer avec la protestation en appelant à une "semaine de colère" à partir de lundi et à des grèves tout au long du mois de mars. Dans un communiqué publié à l'issue de son Conseil national extraordinaire, tenu vendredi, la Fédération nationale de l'enseignement (FNE) a appelé à des actions de protestation dans le cadre d'une "semaine de la colère", du lundi 14 au samedi 19 mars, pour protester contre la condamnation injuste de 45 enseignants contractuels qui réclamaient de meilleures conditions socio-professionnelles. Le syndicat annonce également une grève générale nationale, les 17 et 18 mars, accompagnée de sit-in devant les directions régionales de l'Education le deuxième jour de grève, en plus d'autres actions pour protester contre le retard dans la résolution des problèmes (du secteur), la répression des manifestations et pour exiger l'arrêt des poursuites judiciaires. Le même document parle de 70 poursuites judiciaires visant des professeurs de différentes régions du Maroc. Le communiqué note en outre que la fédération a aussitôt réagi aux condamnations injustes prononcées à l'encontre de 45 professeurs exerçant sous contrat, notant que ces décisions ont été précédées par "une vague d'arrestations, de restrictions et d'une répression dépassant tout entendement", après le rassemblement national organisé à Rabat les 2, 3 et 4 mars derniers et auquel a appelé la Coordination nationale des enseignants contractuels. La fédération estime que "cette campagne effrénée contre la dignité des femmes et des hommes de l'éducation, et les atteintes contre les libertés syndicales et les droits démocratiques, s'inscrit dans le cadre des tentatives de freiner les protestations et les luttes de la Coordination, et de faire taire toutes les voix libres réclamant le droit au travail, au logement et à l'éducation". Elle condamne aussi "les campagnes d'agressions, d'abus, d'arrestations et de procès sans précédent qui ont touché les femmes et les hommes de l'éducation, et les peines injustes et sévères prononcées à leur encontre", appelant à "l'annulation des peines, l'abandon de toutes poursuites contre eux, et la libération de tous les détenus politiques et prisonniers d'opinion au Maroc". Elan de solidarité avec les enseignants contractuels Jeudi, plus de 40 enseignants marocains ont été condamnés à deux mois de prison avec sursis pour avoir manifesté en faveur d'une réforme de leur statut professionnel, une crise qui paralyse l'enseignement public au Maroc depuis 2019. La Coordination nationale des enseignants contractuels avait exprimé son indignation quant à ces peines prononcées par le tribunal de première instance de Rabat, annonçant la prolongation de la grève nationale des cadres des académies régionales de l'éducation et de la formation professionnelle, jusqu'à ce dimanche. Pour la coordination, ces jugements interviennent alors que l'Etat poursuit "sa politique tyrannique (visant à) éradiquer tous les mouvements contestataires qui résistent à sa politique impopulaire". Elle pointe une "attaque contre tous les acquis du peuple marocain, pour lesquels les hommes et les femmes libres de ce pays se sont battus, pour leur refus de l'humiliation et de l'esclavage". Ainsi, la coordination a exprimé sa "ferme condamnation de tous les jugements injustes rendus" contre les enseignants contractuels, en assurant qu'elle tient à l'abrogation inconditionnelle du schéma de contractualisation et à l'intégration dans la fonction publique. L'instance exhorte aussi la promotion 2022 à boycotter les stages, coordonner avec les bureaux régionaux et interagir avec le programme de lutte organisé selon les spécificités de chaque centre. Pour sa part, la Coordination nationale des enseignants de "La cellule 10" a annoncé qu'elle comptait entamer une grève nationale, les 16, 17 et 18 mars, pour dénoncer les "atermoiements" du ministère de tutelle et son "manque de sérieux" par rapport à la satisfaction des revendications de larges catégories des fonctionnaires du secteur. Cette grève de 72 heures sera accompagnée d'un sit-in devant le siège du ministère de l'Education nationale lors du deuxième jour de ce débrayage, ainsi que d'une marche de protestation.