Deux partis politiques espagnols prévoient de présenter deux propositions visant à protéger Ceuta et Melilla et permettre une "réponse rapide et efficace" aux tentatives du Maroc de déstabiliser les deux enclaves, en proie à des flux migratoires de grande ampleur, ont rapporté des médias locaux. Ces deux propositions seront présentées par le Parti populaire (PP) et Vox, sous forme de motions, qui seront votées cette semaine en session plénière du Congrès des députés, a indiqué le journal espagnol Madridpress. Dans la motion du PP, qui est signée par son porte-parole, Cuca Gamarra, cette formation exhorte le gouvernement espagnol à "inclure Ceuta et Melilla dans l'espace Schengen et à mettre fin à l'exception" qui, dans le traité Schengen, permet aux Marocains résidant dans les provinces de Tétouan et Nador d'entrer dans les villes autonomes sans avoir besoin de visa. Elle intervient dans le cadre des mesures qu'il souhaite promouvoir en réponse à l'entrée récente de 850 migrants dans l'enclave espagnole de Melilla, précise le média espagnol. De cette manière, ajoute la même source, "l'application du pacte sur la migration et l'asile et la collaboration avec Frontex (Agence européenne de surveillance des frontières) dans le contrôle des frontières extérieures et la circulation des personnes et des biens dans l'espace Schengen" sera possible. De son côté, Vox entend relancer sa demande de placer les deux villes sous la protection de l'OTAN. Un objectif qui passe, souligne la formation d'extrême droite, par une modification de l'article 6 du Traité de l'Atlantique Nord, du 4 avril 1949, "afin d'inclure, explicitement, les villes espagnoles en Afrique du Nord de Ceuta et Melilla" dans le champ d'action de l'organisation politico-militaire. Vox demande aussi un "déploiement immédiat" de l'armée, dans les périmètres frontaliers des deux villes, aux côtés des éléments de la Garde civile et la Police nationale pour lesquelles il exige qu'elles soient dotées de tous les mécanismes pour "sauvegarder la souveraineté nationale" et atténuer la pression migratoire. A cet égard, les deux partis citent l'afflux migratoire enregistré les 17 et 18 mai 2021, quand des milliers de candidats à l'émigration, dont de nombreux jeunes, avaient afflué illégalement dans l'enclave de Ceuta, avec la complicité des garde-frontières marocains. En deux jours, jusqu'à 12.000 migrants ont traversé la frontière de l'enclave espagnole, "engloutissant" la ville de 80.000 habitants. La plupart ont été refoulés mais plus de 1.000 mineurs marocains y sont restés. Selon Madrid, parmi les migrants, 1.500 étaient des mineurs, alors que l'ONG Amnesty International avance le chiffre de 2.000. Les autorités de Ceuta avaient accusé le Maroc d'avoir manipulé les mineurs pour les encourager à franchir la frontière afin d'exercer une pression sur Madrid dans le contexte de la crise diplomatique entre les deux pays en raison de la présence sur le territoire espagnol à ce moment-là du président sahraoui, Brahim Ghali, pour des soins. Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez avait qualifié ces évènements de "grave crise pour l'Espagne et aussi pour l'Europe". Suite à cet incident sans précédent, le Parlement européen a adopté une résolution dans laquelle il a "rejeté l'utilisation par le Maroc des mineurs non accompagnés, comme moyen de pression politique sur un Etat membre de l'Union européenne (UE)".