La corruption, les détournements de fonds et les déséquilibres financiers ont pris des proportions alarmantes au Maroc où tous les rapports font état de la généralisation des pots-de-vin dans les administrations publiques et du mécontentement du citoyen marocain à l'égard du manque d'implication du gouvernement dans la lutte contre ces fléaux. Ainsi, "pas moins de 93% des Marocains affirment que la corruption est répandue dans leur pays", selon l'Indice de confiance (Trust Index) pour 2022, publié mercredi par l'institut marocain d'analyse des politiques (MIPA). Le rapport annuel, qui vise à mesurer et analyser le niveau de confiance des Marocains dans diverses institutions politiques, économiques et sociales, précise que "44% des citoyens ne sont pas satisfaits des mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre la corruption, alors que 28% d'entre eux ne sont pas du tout satisfaits". Par ailleurs, 90% des personnes sondées dans le cadre de ce rapport, -sur un échantillon représentatif de 1.500 personnes- considèrent que "donner des pots-de-vin au personnel de l'administration publique pour accomplir une tâche plus rapidement est extrêmement répandu". A cet égard, l'étude ajoute que "94% affirment que l'utilisation de connexions pour accomplir une tâche plus rapidement est également répandue". Mercredi, le président de l'Instance nationale pour la protection des biens publics au Maroc, Mohamed El Ghalloussi avait affirmé que "les pilleurs de l'argent public dans le royaume continuent d'accumuler des richesses de manière illégale et d'assumer des responsabilités dans l'administration publique en totale impunité". "La publication régulière des rapports de la Cour des comptes n'a pas freiné la prolifération de la corruption qui a tendance à s'amplifier et à prendre des proportions inquiétantes", a-t-il déploré, relevant que lesdits rapports ne contribuent pas au processus de reddition des comptes, un principe constitutionnel qui confirme que les Marocains sont tous égaux devant la loi. Pour rappel, des milliers de Marocains ont manifesté, récemment, dans une quarantaine de villes pour protester contre la hausse vertigineuse des prix et pour exiger plus de liberté, tout en affichant leur détermination à poursuivre la lutte "jusqu'à la fin de la corruption et de la tyrannie" à l'origine de la pauvreté et de l'oppression dans le royaume. L'avocat Tayeb Madmad, membre du Front social marocain avait notamment assuré que "toutes les forces vives du pays continueront à lutter jusqu'à ce que la corruption et la tyrannie soient vaincues, car (elles représentent) la véritable cause de la flambée des prix, de l'oppression sociale, de la pauvreté et de l'appauvrissement que connaissent les milieux populaires".