Créé d'urgence une semaine après l'indépendance de l'Algérie avec pour mission d'assurer la collecte, le stockage et la distribution des céréales, l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) demeure depuis soixante ans l'un des plus important outils publics garant de la sécurité du pays en produits alimentaires stratégiques. La création de cet office, le 12 juillet 1962, juste après la fin de la lutte armée, dénote l'importance accordée par les pouvoirs publics à la souveraineté alimentaire du pays qui reste toujours au coeur des politiques nationales. Les missions de l'office s'élargissent au fil des années pour accompagner les programmes des pouvoirs publics relatifs au développement des filières stratégiques et la sécurisation de l'approvisionnement de la demande nationale en produits céréaliers. Cette année encore, l'office s'est vu attribuer l'exclusivité en matière d'importation de céréales et de légumes secs. "Cette décision salutaire du président de la République est survenue dans un contexte mondial marqué par l'envolée des prix des produits alimentaires de base", a souligné le secrétaire général de l'Office, chargé de fonctions du directeur général, Nacerddine Messaoudi. Grâce a cette nouvelle mesure, l'OAIC a pu augmenter ses stocks tout en diversifiant ses sources d'approvisionnement. "Nous sommes passés de 22 à 32 fournisseurs", a fait savoir M. Messaoudi, ajoutant que l'OAIC s'approvisionne notamment auprès de certains pays européen, des Etats-Unis et du Canada, "en tâchant d'éviter les zones de conflits". L'office a également fait un pas de géant en ce qui concerne l'accroissement de ses capacités de stockage qui dépassent largement les 40 millions de quintaux actuellement. Selon ce responsable, ces capacités ont permis à l'Algérie d'avoir un stock conséquent pour faire face aux perturbations des marchés lors des conjonctures exceptionnelles. Preuve en est : le pays n'a pas été confronté à des situations d'insécurité alimentaire durant la crise sanitaire de la Covid 19, au moment où des pays exportateurs ont connu une crise de farine et de semoule, a-t-il argué. D'après le chiffre avancé par M. Messaoudi, le parc national des silos de stockage de l'OAIC compte actuellement 48 silos, en plus des hangars qui assurent un stockage temporaire des céréales pour une période qui ne devrait pas dépasser une année. == Développer la production d'orge et de blé dur == Au-delà de la collecte des récoltes auprès des agriculteurs et les importations céréalières des marchés étrangers pour sécuriser l'approvisionnement du marché local, l'OAIC est chargé d'accompagner la stratégie de l'Etat relative à l'accroissement des productions afin d'atteindre progressivement l'indépendance vis-à-vis des marchés mondiaux. Dans cette optique, M. Messaoudi a évoqué le soutien absolu de l'office aux céréaliculteurs à travers les moyens logistique tels les moissonneuses batteuses, les engrais et l'encadrement technique. Le même responsable a mis l'accent sur les potentialités du pays en matière de blé dur et d'orge et la disponibilité de l'office pour accompagner les opérateurs désireux d'investir dans ces créneaux notamment dans le Sud. A cet effet, il a souligné la stratégie agricole de l'Etat qui projette l'accroissement de la production de l'orge et du blé dur pour atteindre une autosuffisance total en ces deux céréales et l'augmentation de la production actuelle du blé tendre. Il a rappelé, dans ce cadre, les mesures incitatives initiées cette année par le président de la République en faveur des céréalicultures qui porte sur l'augmentation des prix d'achat des céréales. En vertu de cette décision, l'office achète le blé dur des agriculteurs à 6.000 DA le quintal, le blé tendre à 5.000 DA, et l'orge à 3.400 DA. Pour M. Messaoudi, l'impact de ces motivations sera perceptible dès la prochaine campagne céréalière 2022-2023 car de nombreux agriculteurs opteront pour les céréales afin de bénéficier de ces avantages qui leur assurent un bénéfice appréciable. Le responsable a rappelé que la culture du blé et de l'orge étaient ancrée chez les traditions des agriculteurs algériens. "Ils ont une maîtrise de l'itinéraire technique et d'un savoir-faire hérités de génération en génération", a-t-il affirmé, en considérant, par ailleurs, que l'Algérie est parmi les rares pays au monde a pouvoir produire le blé dur de qualité. ==L 'Algérie remporte la bataille des semences == Par ailleurs, le premier responsable de l'office estime que l'Algérie a gagné la bataille des semences, car l'OAIC n'a pas importé les semences des blés dur et tendre et d'orge depuis 1995. "Un acquis que le pays a pu avoir grâce à une génération d'ingénieurs algériens qui ont relevé le défi, en décidant d'avoir leur propre programme de production de semences (blé et orge), et même de quelques légumes secs, tels le pois chiche et la lentille", a-t-il assuré Actuellement, il existe des agriculteurs multiplicateurs de semences "sélectionnés avec soin" par les coopératives l'OAIC pour la production de semences. Il s'agit des "meilleurs céréaliculteurs, disposants de meilleurs terres et des moyens adéquats", a-t-il expliqué. La qualité de ces semences est contrôlée par l'Institut technique des grandes cultures l'ITGC avant de les mettre à la disposition des agriculteurs. Par ailleurs, l'OAIC travaille en partenariat avec les différents instituts et centre de recherche pour préserver les variétés algériennes de blé et d'orge, affirme M. Messaoudi. A ce propos, il a fait savoir que l'office a signé des conventions avec huit universités et instituts algériens pour travailler sur ces variétés des céréales locales et d'améliorer leur rendements et leur résistance aux maladies et aux changements climatiques. La recherche concerne même quelques variétés de légumes secs, a-t-il ajouté.