La diminution inquiétante des ressources hydriques au Maroc ces dernières années, en raison de la sécheresse aiguë qui frappe le pays a accentué gravement la souffrance et la marginalisation des populations rurales au royaume, particulièrement celles du Nord, déjà marquées par l'exclusion et le sous-développement. Les pénuries d'eau au royaume pourraient, tout comme les autres crises dues à la flambée des prix des carburants et des produits de première nécessité, allumer la mèche, affirment les observateurs, notamment à la lumière du laxisme et de l'inaction du gouvernement Akhannouch, incapable de prendre la moindre mesure à même d'atténuer un tant soit peu la souffrance des populations. Le gouvernement a été pourtant averti, rappelle-t-on, par le syndicat marocain du secteur agricole du recul des récoltes cette année, l'appelant à prendre des mesures pour juguler les pénuries d'eau et la rareté des produits de première nécessité. Dans ce contexte de négligence et de défaillance totales des autorités, les populations de plusieurs villes et villages du Nord du Maroc ont initié cet été des actions de protestation pour réclamer la satisfaction de leur droit à cette denrée vitale, dont la rareté tend à s'inscrire dans la durée, et ce, non seulement en raison de la sécheresse, précisent les spécialistes, mais surtout de son utilisation dans l'irrigation des champs de cannabis, une pratique encouragée par les pouvoirs publics désespérément dans le but de fixer les populations dans leurs régions. Selon les militants écologistes au Maroc, l'absence d'une politique et d'une stratégie de mobilisation des ressources hydriques et de leur préservation aura des répercussions graves sur les populations locales, notamment l'exode rural, dont les chiffres sont d'ores et déjà alarmants. L'exode rural se pose, selon la presse locale, notamment dans les régions de Ouezzane et Chefchaouen, réputées pour leur culture du cannabis, légalisée désormais par les autorités du pays. Premier producteur mondial de la résine de cannabis Selon le juriste Noureddine Othman, les raisons de l'exode massif dans ces régions est dû notamment à la politique de marginalisation et d'exclusion adoptée par les pouvoirs publics depuis l'indépendance. "Les pouvoirs publics ne se sont jamais souciés du développement dans ces régions. Tous les projets initiés ont été abandonnés", a dénoncé, de son côté, le responsable du Bureau local de l'Association marocaine des droits de l'homme à Ouezzane. A cet égard, plusieurs rapports locaux pointent l'exclusion entretenue par le gouvernement marocain à l'endroit de ces régions et sa politique de poursuivre la légalisation de la culture du cannabis, en dépit de ses répercussions graves sur l'homme et l'environnement. A ce sujet, il y a lieu de rappeler que le Maroc est le premier producteur et exportateur mondial de la résine de cannabis, selon le rapport mondial sur les drogues 2022 publié en juin dernier par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Le rapport cite le Maroc en tant que premier pays africain en matière d'importance de la culture du cannabis durant la décennie 2010-2020. S'agissant de l'impact de la culture du cannabis sur l'environnement, la région du Rif au nord du Maroc est également citée dans ce rapport, où cette culture repose principalement sur l'utilisation intensive d'engrais synthétique. "Dans la région du Rif où est cultivée la majeure partie du cannabis du pays, la culture illégale de plus en plus intensive, souvent monoculture, du cannabis au cours des dernières décennies a entraîné une pression environnementale accrue sur un système écologique déjà fragile sous la forme de déforestation, de pénurie d'eau et de perte de biodiversité", avait souligné le rapport, notant que la culture intensive de cette drogue a "transformé la région en le plus grand utilisateur d'engrais et de pesticides dans le secteur agricole". Et en mars, l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) avait indiqué que le Maroc, premier producteur mondial de haschich, restait le principal pays de provenance de la résine de cannabis qui entre dans l'Union européenne (UE).