ABEBA- Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a estimé samedi à Addis-Abeba qu'il était temps de remédier aux injustices historiques découlant de la colonisation de l'Afrique. "Il est temps de remédier aux injustices historiques découlant de la colonisation de l'Afrique et de son impact sur ses peuples", a-t-il déclaré dans une allocution prononcée à l'ouverture des travaux du 38ème sommet de l'Union africaine (UA). Le chef de l'ONU a critiqué, à l'occasion, le manque de représentation de l'Afrique au Conseil de sécurité de l'ONU, affirmant que l'absence de l'Afrique à ce conseil n'est "pas justifiée". Il s'est engagé, à ce titre, à "œuvrer avec l'UA pour corriger cette injustice et renforcer la représentation effective de l'Afrique au Conseil de sécurité à travers l'octroi au continent de deux sièges permanents". "Nous avons besoin de corriger ces erreurs et les solutions existent", a-t-il ajouté. Antonio Guterres a dénoncé, par ailleurs, la situation au Soudan, en proie à la famine et à la plus grande vague de déplacement, soulignant la nécessité de mettre fin aux hostilités, notamment à l'approche de Ramadhan. Il a mis l'accent, à ce propos, sur l'importance pour la communauté internationale de cesser de vendre des armes aux belligérants. Déplorant la spirale de la violence dans laquelle est tombée la République démocratique du Congo (RDC) et qui menace la région toute entière, le SG de l'ONU a assuré qu'"il n'y a pas de solution militaire à la crise" et que "l'intégrité territoriale de la RDC doit être respectée". Pour ce qui est de la situation au Moyen Orient, M. Guterres a soutenu que "la paix dans la région passe par la solution à deux Etats", affirmant que le peuple palestinien a souffert le martyr. Le chef de l'ONU a appelé les Africains à œuvrer ensemble pour réaliser les objectifs de l'agenda 2030 et 2063 pour le développement durable, mettant l'accent sur la nécessité de trouver les financements nécessaires, de réformer l'organisation financière actuelle et de déployer les efforts pour réduire l'endettement extérieur de l'Afrique. De son côté, le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, a jugé qu'il était temps pour l'Afrique de bâtir un avenir commun suivant une vision commune qui préserve la dignité et garantit la justice et l'égalité pour tous. Rappelant que le thème retenu cette année est "La justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine par les réparations", le premier ministre éthiopien a souligné la nécessité d'œuvrer à panser les blessures du passé et à surmonter les difficultés qui ont entravé le développement du continent. Il a mis l'accent, à ce titre, sur l'importance de mettre fin au racisme systémique, à l'exploitation des ressources naturelles du continent et de poser les fondements du processus de changement en vue de remédier aux injustices et réparer les torts historiques dont a été victime le continent africain. Pour atteindre cet objectif, a-t-il poursuivi, il est nécessaire de transformer les discours en réalité et de prendre des initiatives concrètes visant à garantir la justice, la paix et la prospérité durables. Lors de la présentation des grandes lignes de son second mandat à la tête de la Commission de l'UA, arrivé à terme, Moussa Faki Mahamat a souligné les difficultés auxquelles il a fait face dont les mutations violentes qu'a connues l'Afrique et leur impact sur la stabilité du continent, ainsi que la dégradation de la situation sanitaire exaspérée par l'épidémie du Coronavirus. Evoquant les turbulences actuelles dans l'ordre mondial, M. Faki a affirmé que l'Afrique ne doit pas rester en marge et doit, au contraire, trouver sa place dans ce grand bouleversement. Selon le président sortant de la Commission de l'UA, ce dont a besoin l'Afrique, aujourd'hui, est "un réveil des consciences et l'attachement à notre identité africaine". Il a déploré, dans ce contexte, la persistance des conflits au Soudan, en République démocratique du Congo (RDC) ou encore dans la région du Sahel et des grands Lacs, ce qui a provoqué, a-t-il dit, "un large mouvement de migration" susceptible d'aggraver la situation sécuritaire déjà fragile. Il a plaidé, à ce titre, pour une réforme institutionnelle en vue de créer les conditions nécessaires à la mise en œuvre des programmes prévus par l'UA dans le cadre de la réalisation des objectifs de l'agenda 2063. Faki Mahamat a qualifié, par ailleurs, les souffrances du peuple palestinien, victime d'une agression sioniste génocidaire, de "l'une des pires injustices de l'histoire de l'humanité", soutenant que "la guerre atroce menée par (l'entité sioniste) a tout détruit, notamment à Ghaza". "Ce qui se passe est une honte pour l'humanité", a -t-il ajouté, saluant la résistance du peuple palestinien, resté "inébranlable" en dépit des souffrances. Le président mauritanien Mohamed Ould Echeikh Al Ghazaouani dont le mandat du pays à la présidence tournante de l'UA est arrivé à terme, avait présidé l'ouverture des travaux du 38ème sommet de l'UA auquel participent les chefs d'Etat et de gouvernement des Etats membres de l'organisation dont le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune. Les travaux du sommet annuel de l'UA, prévu samedi et dimanche, se déroulent en présence également du président palestinien, Mahmoud Abbas et des hauts responsables des différentes institutions africaines.