Le directeur général de l'Institut national d'études de stratégie globales (INESG), Abdelaziz Medjahed, a apporté un éclairage complémentaire sur l'affaire du drone armé de reconnaissance qui a été détecté et détruit, dans la nuit de lundi 31 mars à mardi 1er avril derniers, par une unité relevant de Défense aérienne du territoire en 6ème Région Militaire, après avoir pénétré l'espace aérien national sur une distance de 2 kilomètres à proximité de la ville frontalière de Tin-Zaouatine.Ce dimanche, lors de son passage sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne, Abdelaziz Medjahed a fait remarquer que cette affaire «fait partie des responsabilités du CEMOC (Comité d'Etat-major opérationnel conjoint)». «Comment le Mali, membre de ce Comité, n'a pas averti les autres membres qu'il y avait une opération de ce genre dans la région ?», s'est-il interrogé, affirmant que le fait de ne pas signaler cette opération voudrait systématiquement dire qu'elle était «un élément étranger à la région», non sans préciser que l'action, elle-même, s'était déroulée au milieu de la nuit et qu'il était délicat d'identifier un drone qui portait les insignes d'un pays. «Ce n'est pas la première fois que cela arrive. Et le drone avait une approche hostile et les autorités algériennes étaient obligés de prendre des mesures et d'abattre ce drone», a encore expliqué le DG de l'INESG. Il estime que «ce qu'il s'était passé n'est qu'une partie cachée de l'iceberg». L'avantage d'avoir un Comité commun réside dans le fait de coordonner les actions, insiste-t-il. «C'est sa raison d'être et tout le monde doit prendre ses responsabilités», ajoute Abdelaziz Medjahed. «Nous sommes dans une région sensible. N'oubliez pas qu'il y a 22 Etats qui interviennent au Sahel, 5 membres du Conseil de sécurité et 6 membres des BRICs et 19 membres de l'Otan. Du coup, un travail commun s'impose», explique-t-il. Il rappelle que «la crise au Sahel dure depuis plus de 50 ans». Pour le DG de l'INESG, «il y a de la diplomatie de connivence, de la complicité et des magouilles à ne pas en finir». Dans cette situation imbriquée, «l'Algérie a pris des positions conformes aux lois et aux accords communs», a-t-il souligné. A la question de savoir s'il n'y avait pas de magouilles pour créer une crise entre l'Algérie et le Mali, Abdelaziz Medjahed répond : «Quand on entend les allégations du représentant marocain à l'ONU classer l'Algérie comme parrain du terrorisme, on se pose des questions. Comment croire un représentant d'un Etat qui a demandé le protectorat ? Il a même demandé dans les années 1980 à faire partie de l'Union européenne !». Aux yeux du DG de l'INESG, «il y a la falsification des faits et il y a la déformation des postions». Il rappelle que le Maroc est un fournisseur de drogue dans la région. Et cette drogue alimente le terrorisme. Il faudrait que les instances internationales soient à la hauteur de leurs missions et ne pas faire la sourde oreille comme cela se fait par rapport au génocide qui se passe à Ghaza», conclut-il. Pour rappel, le ministère de la Défense nationale n'a pas attendu pour porter ces faits à la connaissance de l'opinion publique. Le mardi 1er avril, dans un communiqué officiel, il a fait savoir que «dans le cadre des efforts consentis pour préserver nos frontières nationales, une unité relevant de Défense aérienne du territoire en 6ème Région Militaire, a réussi, la soirée du 1er avril 2025, vers minuit, la détection et la destruction d'un drone de reconnaissance armé, à proximité de la ville frontalière de Tin-Zaouatine, après avoir pénétré l'espace aérien national sur une distance de 2 kilomètres». Lundi 7 avril, suite à un communiqué du gouvernement malien de la transition, et un autre émanant du collège des Chefs d'Etat de la Confédération des Etats du Sahel, le Gouvernement a confirmé les termes du communiqué du ministère de la Défense nationale. Il a souligné que toutes les données se rapportant à cet incident sont disponibles dans la banque de données du ministère algérien de la Défense nationale, en particulier les images radar qui établissent clairement la violation de l'espace aérien de l'Algérie. Il a fait savoir qu'il ne s'agit pas de la première violation par un drone malien de l'espace aérien de l'Algérie, mais bien de la troisième en l'espace de seulement quelques mois.