M. Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, a réaffirmé jeudi à Bruxelles, au Forum Crans-Montana, que la ville d'El Qods faisait partie intégrante des territoires palestiniens et qu'on ne pouvait pas parler de +Jérusalem ville ouverte+. Pour l'Algérie, "El Qods-Est fait partie du territoire palestinien et, selon le droit international et les résolutions de l'ONU, on ne peut pas parler de +Jérusalem ville ouverte+ parce que le problème de la souveraineté se posera", a déclaré à la presse M. Belkhadem, qui représente le chef de l'Etat à la 21e session annuelle du forum. "Sous qu'elle souveraineté sera cette +ville ouverte+, d'autant que nous, en Algérie, nous considérons que la Palestine libérée devra avoir une capitale que les Palestiniens choisiront eux-même bien sûr et qu'El Qods orientale fait partie de la Palestine", a-t-il ajouté. "Il se trouve malheureusement que les thèmes dans leurs dénominations n'appellent pas à un débat approfondi comme par exemple sur le problème du Moyen-Orient où on parle de processus de paix depuis 19 ans, c'est-à-dire depuis la conférence de Madrid et où on parle également de +Jérusalem ville ouverte+", a-t-il expliqué. Dans sa contribution au panel consacré à ce sujet, le ministre d'Etat a souligné que l'impasse de la situation dans cette région et les positions du gouvernement israélien "ne sont pas de nature à rassurer". "Le gouvernement israélien continu de rejeter en bloc l'ensemble des propositions visant au règlement juste et équitable de la question palestinienne", relève-t-il, en incombant l'échec à l'intransigeance de la politique du fait accompli israélienne. Le ministre d'Etat, qui n'a voulu être ni "trop pessimiste" ni "trop optimiste", a insisté sur la nécessité de "reconnaître qu'il est difficile de parler aujourd'hui de climat favorable à la reprise des négociations de paix au Proche-Orient". La poursuite de la colonisation, la confiscation des terres de Palestiniens et leur expulsion, la dénaturalisation des sites historiques et religieux, notamment dans la partie orientale d'El Qods, ainsi que les points de contrôle sont, pour M. Belkhadem, "des pratiques sionistes sur le terrain qui confirment ce constat décevant". Il a souligné, en outre, que "dans un contexte pareil, l'une et l'autre partie ont l'opportunité de démontrer leur volonté à pacifier cette région suite au lancement des pourparlers indirects". Selon lui, pour que ces pourparlers puissent permettre le lancement du processus de paix et des négociations proprement dites, il faut que les droits des Palestiniens "ne soient pas niés", les règles élémentaires du droit international "ne demeurent pas bafouées" et que la communauté internationale "s'engage à appuyer ce processus" et à "réunir les conditions nécessaires à son succès". Au sujet de la coopération sud-sud et de l'énergie, évoqués lors des débats organisés en panels, il a indiqué à la presse que "l'Algérie a été pionnière dans cette initiative d'un monde économique nouveau". "Mais là encore, comme nous avons eu à le constater, il y a plusieurs vitesses qui sont utilisées par les pays participants au forum, et bien sûr par les participants sur la scène politique internationale", a-t-il regretté. A propos de l'Union pour la Méditerranée (UPM), le ministre d'Etat a estimé qu'elle "ne peut avoir d'avenir que si elle apporte un plus au processus de Barcelone, c'est-à-dire, si les mécanismes financiers mis en place par le processus de Barcelone sont améliorés et si les problèmes politiques pendants trouvent une solution". Il a rappelé, à cet égard, que le processus de Barcelone est venue après, "à un moment où il y avait une lueur d'espoir chez les Européens pour arriver à résoudre le conflit arabo-israélien. "Il est malheureux de constater que nous n'avons pas évoluer d'un iota. Il y a eu une dégradation, puisqu'on parle maintenant du mur, d'implantation de colonies, des différents barrages érigés en terre palestinienne pour empêcher la libre-circulation des Palestiniens et de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie et d'une autre autorité à Ghaza", a-t-il déploré. "C'est-à-dire que la situation s'est aggravée pour le peuple palestinien et nous ne voyons pas l'emprise européenne sur la scène moyen-orientale pour participer activement au processus de paix, bien que les Arabes eurent proposé en 2002 une initiative de paix", a-t-il expliqué. "Nous estimons que l'Europe, de par son poids et son influence devrait s'impliquer dans la relance des efforts diplomatiques en vue d'une résolution juste et durable", a-t-il ajouté, appelant les grandes puissances à "agir pour mettre fin au blocus contre Ghaza et en condamnant les attaques israéliennes barbares contre la flottille de la paix". Au sujet de la coopération énergétique, il a rappelé que l'Algérie est "très fortement" liée à l'Europe, par les gazoducs qui relient l'Algérie à l'Italie d'une part, et l'Algérie à l'Espagne. "Là, nous voulons rassurer nos partenaires sur la disponibilité de l'Algérie à garantir la sécurité énergétique de l'Europe pour peu que les prix négociés soient des prix qui permettent à l'Algérie de rentabiliser ses infrastructures et de tirer profit de cette ressource financière qui constitue une bonne partie de nos recettes d'exportations", a-t-il affirmé à la presse. "L'Algérie a consenti des investissements lourds pour assurer cette sécurité énergétique de l'Europe, à travers une augmentation substantielle de ses capacités de production et d'exportation dont la construction des gazoducs (GALSI et MEDGAZ) et des infrastructures pétrolières et gazières et attend légitimement un retour sur ces investissements par le biais d'un prix rémunérateur et des contrats permettant d'assurer une sécurité juridique sur le long terme", a-t-il justifié. A cet effet, il a indiqué que le problème de double prix a été débattu avec les Européens et qu'il a été convenu que l'Algérie dispose d'un avantage comparatif. "Les Européens comprennent la nécessité pour l'Algérie d'avoir un prix intérieur pour la consommation des ménages et le secteur industriel à partir du gaz", a-t-il dit. Cependant, un problème demeure et qu'il faut résoudre, a-t-il relevé. "C'est celui de la directive communautaire européenne sur l'Energie qui, a-t-il estimé, devrait prendre en considération les intérêts de l'Algérie et de tous les pays qui alimentent l'Europe en gaz". "L'Algérie réitère sa préoccupation par rapport aux difficultés que ses entreprises rencontrent pour l'accès aux marchés européens de distribution de gaz et d'électricité afin de rééquilibrer, un tant soit peu, l'asymétrie des relations avec son partenaire européen", a-t-il martelé.