Sans l'apport des oeuvres arabes traduites, la littérature française "aurait été amputée d'une partie de ses repères les plus féconds", a souligné un enseignant universitaire, spécialiste en littérature française, jeudi à Constantine. Exposant le rôle de la traduction dans le développement de la littérature française depuis l'introduction et la valorisation de la traduction en tant que moyen efficient de transfert de la connaissance universelle, le Dr. Hassen Boussaha a souligné l'impact de l'imitation des grands classiques arabes sur la fécondité de la création artistique et littéraire française. Citant la contribution "marquante" des troubadours dans la reconstitution de l'atmosphère gothique, le message multidimensionnel de l'oeuvre de Victor Hugo "les misérables" et la splendeur engagée du "Fou d'Elsa" de Louis Aragon, ce chercheur a fortement souligné l'apport analogique conféré notamment par les "Mille et une nuits" et le tempérament de la poésie du Fou de Leila (poète Arabe d'avant l'Islam) dans la création des chefs-d'oeuvre de la littérature française. S'exprimant en clôture des travaux du 3e colloque national sur la traduction et le développement, organisé par le laboratoire des langues et traduction de l'université Mentouri, le Dr. Hassen Boussaha a d'autre part soulevé l'importance de l'interactivité littéraire dans l'évolution et l'ouverture de la pensée littéraire française sur d'autres contrées et d'autres cultures à travers la consécration de l'expression littéraire. Puisant dans la maturité, la fécondité, la richesse et la diversité des oeuvres littéraires issues de civilisations étrangères, depuis les grands maîtres gréco-romains, en passant par la traduction des oeuvres de Shakespeare, de "Don Quichotte" (de l'espagnol Cervantès) ou encore s'inspirant du symbolisme des oeuvres allemandes, la traduction a permis, grâce à la perspicacité de sommités telles que Victor Hugo ou l'académicien français Claude-Gaspard Bachet de Méziriac (fondateur de la traductologie), d'asseoir les assises des écoles philosophiques et littéraires françaises, a noté le président du laboratoire de recherche initiateur de cette activité scientifique. "Cette +ingurgitation+ et l'assimilation de l'art et de l'esprit +d'autres parts+ ont nourri la littérature et la critique française en matière de thèmes, d'idées submersibles, d'emprunts suggestifs et de charges esthétiques", a-t-il fait savoir, retenant que l'humanité aurait été "privée de ressusciter l'art poétique d'Aristote sans le concours de la créativité de la traduction". "Si la littérature française a dominé le mouvement de la renaissance littéraire en Europe, deux siècles durant (17e et 18e), et a pu asseoir les assises de nouvelles théories, un nouveau théâtre, et un nouveau mouvement littéraire révolutionnant de la sorte la création littéraire, une multitude de nations peuvent également se revendiquer de cette gloire", a affirmé le Dr. Hassen Boussaha.