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De la complexité du passage d'un texte littéraire d'une langue à une autre
1re rencontre internationale d'Alger sur la traduction littéraire
Publié dans La Tribune le 04 - 12 - 2008

La complexité de la traduction littéraire ou du passage d'un texte littéraire d'une langue à une autre avec tout ce que cela comporte comme difficultés tant sur le plan culturel et flexionnel que sur le plan financier était au cœur de la 1re rencontre internationale d'Alger sur la traduction littéraire à l'hôtel Aurassi.
Carlos Alvarado, chercheur et auteur argentin, a ouvert cette rencontre en abordant la thématique de la complexité de la traduction de la littérature algérienne. Il illustre cette difficulté par le fait que «dans la littérature algérienne, il y a beaucoup de silences. L'oreille est l'instrument le plus utilisé pour comprendre la musicalité des sens véhiculés dans les textes».
Dès lors, il met en exergue l'importance d'une réelle maîtrise de la culture et de l'histoire de l'Algérie pour décoder ces silences, cette
musicalité et le sens profond du texte imprégné d'une culture plurielle.
Quant au spécialiste marocain, Mustapha El Hachlef, il a abordé la notion de la déconstruction chez Derrida à travers sa conférence «Derrida : le traducteur entre créance et création». «Derrida entendait que la signification d'un texte donné [essai, roman, article de journal] est le résultat de la différence entre les mots employés, plutôt que de la référence aux choses qu'ils représentent ; il s'agit d'une différence active qui travaille en creux le sens de chacun des mots qu'elle oppose, d'une façon analogue, à la signification
différentielle saussurienne en linguistique.» Ainsi, M. El Hachlef souligne que le mythe de Babel devient obsolète car «on ne parle jamais une seule langue. La déconstruction c'est plus d'une langue». Il citera aussi Abdelkhebir Khatibi qui disait : «Je raccorde la
succession des mots, tel un instrument de musique.» Il citera également, à propos de la difficulté de la traduction, sa rencontre avec Driss Chraibi qui lui avait confié que «la plupart des traductions du texte sacré du Coran étaient de très mauvaise qualité car elles ne traduisaient pas la musicalité impressionnante qu'il renfermait». Pour y remédier, Driss Chraibi s'était inscrit au conservatoire afin de maîtriser le solfège et travailler ainsi sur une traduction du texte sacré, telle une partition musicale.
Citant une nouvelle fois Derrida, il mettra l'accent sur le «topos», le lieu de traduction, expliquant que «la traduction se réalise dans un isolement complet marqué par la solitude afin de mieux s'imprégner du texte original». La pertinence de ce lieu de traduction permet une meilleure approche du texte original pour créer le nouveau texte traduit. L'intervenant a conclu : «Contrairement à la mondialisation qui veut uniformiser les langues, on doit être heureux de l'existence de la traduction qui permet de présenter les différentes langues et enrichir ainsi la diversité culturelle.»
Pour sa part, la traductrice et critique littéraire belge, Désirée Schyns, a présenté «la traduction de la littérature algérienne
francophone aux Pays-Bas et en Flandres, une image trop étroite». Elle a tout d'abord signalé que, pour le lectorat des Pays-Bas, l'Algérie est exotique. Cette image sert de référence aux éditeurs néerlandais pour le choix des œuvres à traduire. Elle mettra en exergue la difficulté du classement de la littérature algérienne d'expression française selon le concept traditionnel d'une littérature classique ou nationale. Elle posera cette problématique en soulevant les questions suivantes : cette littérature est-elle arabe ? Est-elle européenne ? Des auteurs qui passent de l'arabe au français comme Boudjedra font-ils partie de cette littérature francophone algérienne ? Des auteurs vivant à l'étranger, comme Assia Djebar, font-ils partie de la littérature algérienne ou française ? La même question se pose pour d'autres auteurs nés de parents mixtes, à l'instar de Nina Bouraoui ou de Leila Sebbar. Comment classer un auteur comme Azzouz Begag ?
Dès lors, la perception de la complexité de la littérature algérienne francophone aux Pays- Bas est très difficile, et de grands auteurs comme Mohamed Dib, Mouloud Mammeri et Kateb Yacine n'ont jamais été traduits en néerlandais. Ce n'est qu'au début des années 1990 que les éditeurs néerlandais ont commencé à s'intéresser à des auteurs algériens selon des critères bien précis, en l'occurrence les prix littéraires remportés par l'auteur, la violence islamiste en Algérie et la condition de la femme.
En conclusion, elle estimera qu'«il faut créer une image plurilinguistique de la littérature et de la culture algériennes et la vendre comme un produit», en soulignant la nécessité d'intermédiaires maîtrisant les connaissance culturelles et sociopolitiques de l'Algérie et qui peuvent faire ainsi la publicité des œuvres algériennes auprès des éditeurs des Pays-Bas.
Pour sa part, l'expert et écrivaine palestinienne Laila Elatrach a présenté «la traduction entre l'illusion et l'orientalisme, l'exemple du roman arabe féminin». Après une brève présentation de l'historique de la traduction au Moyen-Orient, elle a focalisé son intervention sur la traduction occidentale de la littérature féminine arabe. Elle a expliqué que, d'après l'étude qu'elle a menée, les maisons d'édition occidentales ont une approche orientaliste de la littérature féminine arabe. Cette approche se focalise sur les textes qui abordent les tabous politiques, religieux et surtout sexuels.
Elle affirme à ce sujet que beaucoup d'écrivaines arabes écrivent aujourd'hui avec l'ambition d'être traduites. Pour cela, elles cultivent une image orientaliste et construisent leurs textes sur les transgressions religieuses, la violence qu'elles subissent de la part des hommes et la découverte charnelle de la sexualité souvent grâce à un partenaire occidental. Elle a dénoncé cette image erronée de la situation de la femme, indiquant qu'il est temps que les maisons d'édition occidentales s'intéressent à une littérature féminine arabe beaucoup plus profonde et réaliste sur la condition de la femme au Moyen-Orient.
La première session du cycle des conférences s'est clôturée avec l'intervention de Fawzia Assaad, chercheuse et spécialiste égyptienne, vivant en Suisse. «Je vais présenter ma communication en français car je suis le fruit d'une éducation coloniale», dira-t-elle d'emblée.
Abordant la difficulté de la mission du traducteur, elle dira qu'il ne s'agit pas seulement de transcrire des mots, mais de traduire surtout des rythmes, des tonalités, des sons et une musicalité. Puis, elle a mis en exergue les contraintes du traducteur par rapport au commanditaire.
A titre d'exemple, elle citera le cas de sa traduction de Sainte-Euphémie du copte ancien pour une revue scientifique spécialisée. Elle a dû amputer le texte de sa tonalité humoristique et n'en traduire que l'aspect rigoureux.
Par ailleurs, elle a plaidé pour la nécessité de la traduction des langues dites «petites ou anciennes» pour la préservation d'un grand pan du patrimoine culturel et civilisationnel de l'humanité. Elle a conclu en insistant sur «le droit et le devoir humains à l'introduction du bilinguisme ou du trilinguisme afin de préserver toutes les richesses linguistiques de nos richesses artistiques».
S. A.


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