L'interprète de musique chaâbi, Abdelkader Guessoum, décédé mardi soir à Blida à l'âge de 64 ans, fut l'un des chanteurs qui ont honoré la scène culturelle algérienne par son talent et sa dévotion, ont indiqué mercredi des artistes et amis du défunt. Présents en masse lors de l'enterrement du défunt chanteur, qui a eu lieu au cimetière des Martyrs de Blida, des musiciens, interprètes, membres de son orchestre, amis et proches, ont témoigné à l'unanimité de sa "rigueur", de sa "modestie" et de son "amour inégalé" pour la chanson chaâbi et la musique dans toute sa diversité. "Nous avons perdu un bras important de la chanson chaâbi. Abdelkader Guessoum que j'ai eu l'honneur de connaître depuis ma jeunesse, représentait ce qu'un artiste devrait être. J'ai constaté ceci grâce aux qualités qu'il dégageait en tant qu'interprète", indique Abdelkader Bendaâmèche, écrivain spécialisé dans la patrimoine musical algérien, soulignant qu'il "fait partie des grands maîtres du chaâbi". M. Bendaâmèche qui a reçu Guessoum au premier numéro de son émission radiophonique "Maya ou H'cine" en 1989, s'est rappelé de la "discrétion", du "sérieux" et du "talent" de ce chanteur, disparu tragiquement suite à un malaise cardiaque, en résumant : "Abdelkader Guessoum était un homme pur". L'interprète de "Ya D'zaïr yel-aâssima" Abdelmadjid Meskoud, qui a animé à Relizane en mai dernier deux galas avec le chanteur décédé, a indiqué que "Guessoum était l'un des derniers maîtres de la chanson chaâbi natif de la ville de Blida", ajoutant : "Il était d'une grande simplicité, une remarquable bonté, sans parler de sa sympathie". "Je suis encore sous le choc. La mort d'Abdelkader Guessoum m'a secoué, car il ne souffrait d'aucune maladie. Ce que je constate par cette disparition, c'est que la culture algérienne, notamment, la chanson chaâbi, a perdu un de ses piliers", a enchaîné le chanteur de variété algérienne, Mohamed Oujedi, avec beaucoup d'émotion. Abdelkader Guessoum, la personne respectable et respectueuse L'un des violonistes de son orchestre, Mohamed Belkhodja, qui a du accompagner le défunt Guessoum dans les soirées du mois de ramadan et les fêtes de mariages, ainsi que dans des tournées artistiques, a salué en cet artiste la rigueur et son respect pour l'art qu'il chérissait. "Il était un artiste très minutieux. Il cherchait toujours la perfection quand il montait sur scène. Ce que je garde de lui, en dehors du monde artistique, c'est sa gentillesse et sa sérénité", a-t-il dit. Cherif Achour, un joueur de Banjo qui a fait la nouba avec Abdelkader Guessoum depuis près de 40 ans, s'est dit attristé par le décès de cet "illustre" chanteur de chaâbi qui "a gravé son nom par des lettres en or dans le monde de la musique populaire algérienne". "La mort de ce frère et ami m'a rendu malade. En plus de son talent de chanteur, sa belle voix et sa façon d'interpréter, Abdelkader était un brave homme. Il aimait l'ambiance festive, il était un type calme, serein et amoureux de la musique", a-t-il ajouté. Né le 12 avril 1946 à Blida, le défunt Abdelkader Guessoum entre dans le monde de la musique dès l'âge de 8 ans en s'initiant d'abord aux instruments à vent, tels que le Ney, le pipo et l'harmonica, avant de passer à la mandoline, un instrument à cordes dont il apprend les premières techniques à l'école du cheikh Salhi (Mahieddine Mohamed), le neveu de cheikh Mahfoud. A vingt ans, il forme son premier orchestre chaâbi, avec lequel il passe dans une émission à la radio nationale où il fut présenté par la coqueluche de la chanson algérienne, Rabah Deriassa. En 1969, Guessoum, ce chanteur à la voix douce a décroché le premier prix au Festival de la chanson chaâbi. Une année après, il fait sa première apparition télévisée en animant une "qaâda" typiquement chaâbi. Quelques années plus tard, il enregistre trois albums (45 tours) avant d'ouvrir sa propre maison d'édition "El-Alhan".