Le chanteur chaâbi Abdelkader Guessoum a été inhumé hier au cimetière de Blida, sa ville natale en présence d'une foule nombreuse composée de ses proches, de ses compagnons de scène, et de tous les férus de sa musique. L'artiste est décédé subitement mardi après midi après son évacuation au service d'urgence de cardiologie à l'hôpital Frantz Fanon de Blida. Il avait 64 ans. La plupart de ses compagnons de scène ont été choqués par cette mort subite en regrettant un "ami ", " un compagnon de route " " un généreux ", " un discret " qui aimait tant sa ville des Roses. Il avait rendu l'âme lors de son admission au service des urgences. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Abdelkader Guessoum a eu un parcours atypique en trimant longtemps avant de se faire un nom dans l'univers " surchargé " de la musique populaire. Certes il n'avait pas ramené du neuf comme c'était le cas pour le défunt Guerouabi qui a fait éclater les fils rigides de cette musique, mais s'était contenté de suivre au pas les chanteurs de la trempe de M'rizek ou encore de M'hamed Hadj El Anka. Né le 12 avril 1946 dans la ville des Roses, sa passion pour la chose lyrique se révélera précocement à l'âge de 08 ans. Bambin, il jouait du Ney, du pipo et de l'harmonica, des instruments à vent pas cher mais significatif d'une rage de respirer du rythme. Selon ses biographes, Abdelkader Guessoum a reçu sa première mandoline à l'âge de 16 ans à l'indépendance du pays. Avec son instrument et encore tout jeune, Guessoum reprenait aux heures perdues les airs de Hadj M'Rizek, et Bellah alik ya chemaâ de Hadj Mahfoud, des noms bien confirmés dans la scène musicale algérienne. Puis vint le temps de la formation qui constituera un moment décisif pour cet apprenti à l'école de cheikh Salhi (Mahieddine Mohamed), neveu de Cheikh Mahfoud. Ce dernier le sollicita en qualité de musicien au sein de sa formation, lors des fêtes familiales. C'est en 1966 qu'il constitue son premier orchestre en cachette, par selon lui, respect pour ses maîtres. A la même année, il fut présenté pour la première fois, à la radio, par Rabah Driassa, un autre nom qui habite dans la même ville. Son essai fut malheureusement raté. Déçu, il s'éclipsera bien longtemps avant de revenir en 1969, à l'occasion du festival de la chanson chaâbie où il obtient le premier prix en interprétant Djel El Koul Bach yendhekar. L'artiste qui ne désespère pas Bien après, la télévision nationale lui ouvre son champ, et c'est là qu'il anime son premier concert en 1970. A l'époque, il était soutenu et encouragé par les maîtres Boualem Djenadi, Dahmane Benachour, Mohamed Misraoui et surtout Rachid Mohamed. En 1974, il enregistre deux 45 t et deux ans plus tard, il réalise son premier album (45 t) à Paris, grâce à l'aide que lui apporte Mustapha Skandrani. Avec Mahboub Bati, il tente sa première expérience - réussie d'ailleurs - dans le monde de la chansonnette à l'exemple de Ya H'la et Ach bih hajbi. Tout de suite après, c'est l'éclipse. L'artiste voulait se reposer, prendre du recul et réfléchir sur sa production. En 1989 et après mûre réflexion, il monte sa propre maison d'édition El-Alhan où il enregistre ses propres chansons et ceux d'autres artistes comme Toubal, Nacerdine Benghali, Oujdi etc. Sa serie de cassettes (4 volumes) dans laquelle il reprend les fameux El Kawi, M'Sebarni Li tihame, Lahbab Amlou Louila, Chehlet Laâyani a eu un franc succès. Blida est un foyer culturel où plusieurs genres musicaux coexistent. Plusieurs personnalités ont pratiqué correctement le chaâbi telles que Mohamed Misraoui, Mohamed Semmad dit M'rizek, etc. Guessoum forgera son propre genre à partir de la structure mélodique andalouse, hawzi et chaâbi dans le style El Anka. Mustapha Kechkoul l'abreuva de ses conseils, Cheikh Boualem El-Djenadi de Boufarik lui a permis d'enrichir son répertoire et Dahmane Benachour et Hadj Mejbeur lui furent d'un grand apport. Que Dieu accueille l'artiste en Son Vaste Paradis.