La Guinée-Bissau qui tente de retrouver la paix et la stabilité définitives afin de relancer son développement socio-économique était jeudi suspendue à la décision finale d'une réunion, à Bissau, autour du déploiement d'une force de stabilisation internationale. La venue de cette force réclamée par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) et l'Union africaine (UA), qui en constitueront la composante, aura pour mission principale, selon les observateurs, "la protection des institutions politiques" dans un pays menacé par les narcotrafiquants et en proie aux coups d'Etat militaires. Le principe de déploiement d'une telle force a été implicitement accepté par le président Malam Bacai Sanha, officiellement à la tête du pays depuis septembre 2009, mais sa position lui a valu l'accusation de "vouloir faire envahir la Guinée-Bissau par une force étrangère". Mettant en garde contre l'avènement d'"autres actes anticonstitutionnels", le président Sanha a expliqué que la mission d'une force de stabilisation est de soutenir la Guinée-Bissau dans son processus de "sortie d'une crise politico-militaire chronique". Historiquement, depuis l'accession de ce pays d'Afrique de l'Ouest à l'indépendance en 1974, les changements politiques ont toujours été jalonnés par des violences dont les dernières en date étaient celles qui avaient coûté la vie, en mars 2009, au président Joa Bernardo Nino Vieira et au chef d'état-major général des Forces armées, le Général Tagmé na Wé. Par ailleurs en avril dernier, le général António Indjai, avait mené un coup de force pour renverser le chef d'état-major légitime, le général José Zamora Induta, et arrêter le Premier ministre, Carlos Gomes Junior, qui avait subi des violences, dénoncées par la communauté internationale. Le général António Indjai, autoproclamé chef d'état-major et, paradoxalement, confirmé par le président Sahna, maintient toujours en détention le général Zamora Induta et le Colonel Samba Dalo, chef des renseignements d'Etat. Cette situation a été décriée par la communauté internationale notamment l'Union européenne (UE) qui vient de décider de ne pas prolonger sa mission d'aide à la formation des forces de sécurité en Guinée-Bissau. Le général Indjai a, en effet, non seulement imposé son autorité au chef de l'Etat mais il vient également d'exprimer le refus opposé par l'armée contre le projet d'une telle force de stabilisation pourtant conseillée à la Guinée-Bissau par l'UA. "L'armée n'est pas d'accord pour l'arrivée d'une mission de stabilisation, mais si cela est l'avis du gouvernement, l'armée obéira", a notamment déclaré le général Indjai qui doit, a-t-on indiqué, accepter également "la mise en œuvre de la réforme de la défense et la sécurité en Guinée-Bissau". Toutefois, si on se dit au niveau de l'UA "encouragés" par "les mesures prises par les nouvelles autorités bissau-guinéennes en matière de la bonne gouvernance, de lutte contre l'impunité et le trafic de drogue", l'UE, principal bailleur de fonds, a récemment décidé de ne pas prolonger sa mission d'aide à la formation des forces de sécurité en Guinée-Bissau. L'UE dont la mission d'aide à ce pays a été entamée en juin 2008 pour prendre fin en septembre prochain, a indiqué que "l'instabilité politique et le manque de respect du droit dans le pays rendent impossible d'engager une mission de suivi, comme cela était prévu à l'origine, sans enfreindre ses propres principes". Il est à souligner, enfin, que toute action destinée à instaurer la paix et la stabilité en Guinée-Bissau sera, en outre, un motif de motivation pour les principaux partenaires au développement. "C'est à travers une détermination à faire régner la paix que les partenaires seront encouragés à prendre le risque de faire des investissements massifs et à long terme dans ce pays d'Afrique de l'Ouest pour l'aider à sortir du cercle vicieux des crises", a-t-on indiqué.