La campagne électorale pour le deuxième tour des élections présidentielles, prévu dimanche en Guinée-Bissau, a pris fin hier après quinze jours de meetings et de rencontres organisés par Malam Bacai Sanha et Kumba Yala, les deux candidats ayant enregistré les meilleurs suffrages lors du premier tour. Selon des observateurs, le favori de ce scrutin sera M. Bacai Sanha, candidat du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC au pouvoir), arrivé en tête avec 39,59% des voix, suivi de M. Yala avec 29,42%, lors du premier tour. Le représentant du PAIGC qui croit en ses chances, grâce à un programme électoral proposant des solutions aux problèmes du pays notamment sécuritaires, succèdera en cas d'une victoire à Joa Bernardo Vieira assassiné en mars dernier juste après un attentat qui avait coûté la vie au chef d'état-major des armées, le général Tagma Tagmé Na Waié. Outre les thèmes socio-économiques qu'il a développés durant sa campagne, M. Bacai Sanha a montré un grand intérêt pour la restauration de la paix et de la sécurité dans ce pays de l'Afrique de l'Ouest , proposant dans ce contexte « l'organisation d'une conférence de réconciliation nationale ». Il a expliqué que ces assises permettront de discuter des problèmes qui rongent le pays et trouver, de manière consensuelle et inclusive, « les voies et moyens de mettre fin aux violences et assassinats ». Cité par des médias reçus à Dakar, M. Bacai Sanha a souligné l'urgence d'imposer l'autorité de l'Etat pour garantir « la sécurité et l'intégrité physique de tous les citoyens », appelant les électeurs à voter en masse et à opter clairement « pour la paix, la stabilité et le développement du pays ». Evoquant l'aspiration des citoyens à la paix, la concorde et la quiétude dans un pays où le travail doit être la véritable richesse des Bissau-guinéens, le candidat du PAIGC a, par ailleurs, mis un accent particulier sur la lutte contre l'impunité et s'est élevé contre « les assassinats qui sont commis en Guinée-Bissau ». M. Bacai Sanha s'était déjà assuré le soutiende certains candidats notamment celui de M. Yaya Djalo issu du Parti de la nouvelle démocratie (PND), arrivé quatrième lors de premier tour. Quant à M. Kumba Yala, ancien président (2000-2003) et candidat du Parti pour la rénovation sociale (PRS opposition), il a d'emblée commencé à crier « à la manipulation des voix des électeurs », appelant ses partisans à aller voter en masse pour son projet visant à « encourager les étrangers à venir investir en Guinée-Bissau ». S'attaquant au parti de la majorité qui est, selon lui, responsable de la « pauvreté qui sévit dans la pays », M. Kumba Yala a promis le lancement de projets de développement et la création d'entreprises en vue d'améliorer les infrastructures routières et de désenclaver les zones les plus reculées. En prévision de ce rendez-vous électoral, la Commission Nationale électorale (CNE) a lancé à travers le pays une campagne de sensibilisation auprès des électeurs pour atténuer le taux d'abstention (40%) enregistré lors du premier tour. Le porte-parole de la CNE, M. Orlando Viegas, avait indiqué que les thèmes développés lors de cette campagne de sensibilisation se sont articulés sur l'importance d'« accomplir le devoir électoral, consolider l'unité nationale et d'oeuvrer pour la réconciliation entre tous les Bissau-guinéens ». Pour M. Viegas, le souci était de « réduire l'abstention, combattre les votes nuls et de sensibiliser sur la nécessité d'accepter le verdict des urnes ».