L'histoire du site archéologique Ichoukan situé dans la commune de Foum Tob à 50 km au Sud-Est de Batna, se confond avec le mythe tissé à son sujet par la tradition orale pour magnifier cet endroit, siège d'importants vestiges de la civilisation numide. Des habitants de la région conservent une multitude de contes et de légendes à propos de ce lieu mythique qui accueillait, jusqu'il y a peu, des cérémonies religieuses à chaque Aïd El-Kébir ainsi qu'en témoignent les traces encore visibles des béliers sacrifiés à cette occasion. Certaines légendes locales font état de phénomènes paranormaux qui hanteraient les lieux mais personne n'en parle plus depuis l'extension urbaine de la cité de Foum Tob vers le site. Plusieurs traditions semblent néanmoins résister aux vents du changement. C'est le cas de la grotte de Khenguet Sabaa R'goud encore très visitée par les habitants de la région, notamment les femmes qui y déposent régulièrement des aliments et des objets, une manière d'émettre des vœux de mariage et de procréation ou pour "chasser le mauvais £il". La grotte ne désemplit jamais de bougies, de henné, d'encens, de sucre, de fruits, de "Tamina" (confiserie traditionnelle) et même de pièces de monnaie. Amar, un jeune habitant de Foum Tob, admet que les friandises déposées feront surtout le bonheur des enfants qui guettent le départ des visiteuses pour s'emparer des succulentes offrandes. "Moi-même, confie-t-il, je rivalisais d'ingéniosité avec d'autres enfants pour pénétrer le premier dans l'excavation et savourer les denrées alimentaires qui s'y trouvaient sans me soucier le moins du monde des contes se rapportant à ces lieux". Pour les adultes, l'incrédulité des enfants ne réduit en rien la grande valeur de ce lieu de pèlerinage dont les visiteurs croient voir le plus souvent leurs vœux exaucés. Certains, raconte-t-on, disent avoir rencontré une étrange colombe à l'intérieur de la grotte, tandis que d'autres affirment avoir vu du sang jaillir d'entre les pierres, notamment le jour de l'Aïd El-Kébir. Ces histoires étranges rehaussent la magie du site pour le visiteur qui flâne à travers les détours rocailleux de la région. Plus que quelques vestiges De la cité archéologique Ichoukane bâtie il y a plusieurs millénaires par les constructeurs numides, il ne reste aujourd'hui que quelques monuments funéraires et quelques vestiges éparpillés çà et là autour du lieudit Gué de Constantine, un défilé étroit resserré entre deux oueds et bifurquant en deux passages montagneux, Khenguet Sabaa R'goud et khenguet Lekhra. Littéralement, ces deux derniers toponymes signifient "le défilé des sept dormants" et "le défilé du Jugement Dernier". La beauté des paysages rocailleux des deux sites est à couper le souffle de par leurs formes abruptes, captivantes et presque inaccessibles. De 6 à 8 mètres de diamètre, les monuments funéraires de formes cylindriques sont désignés par les spécialistes par le terme Chouchet. Ils ont été pour la première fois décrits par le militaire français Payen en 1863. L'archéologue Stéphane Gsell mentionne dans son "Atlas archéologie" la grotte de Khenguet Sabaa Rgoud laquelle fut, selon lui, un refuge pour les rois berbères dont Iabdas durant la période romano-byzantine. Ces monuments funéraires numides qui figurent parmi les plus anciennes sépultures autochtones sont aujourd'hui menacés par les aléas naturels et les agissements de l'homme, regrette M. Saâdna Amine de l'association culturelle et scientifique Ichoukane. Pour ce cadre associatif, des fouilles et études académiques sont nécessaires pour révéler toute la richesse du patrimoine historique d'Ichoukane (marécages), jadis lieu d'affrontements incessants entre Numides et Romains.