Le Sénégal où pas moins de 8000 enfants mendiants ont été recensés en 2008 compte désormais s'attaquer à ce fléau assimilé à "une traite de personnes", selon le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, qui s'exprimait récemment lors d'un Conseil interministériel consacré à cette question. Des chiffres publiés par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), avait, il y a deux ans, fait réagir les pouvoirs publics dans ce pays d'Afrique de l'Ouest en appelant à une prise en charge des "enfants de la rue" avec l'aide de partenaires internationaux et la contribution du Partenariat pour le retrait et la réinsertion des enfants de la rue (PARRER - une association sénégalaise). "Dès les prochains jours, le gouvernement va entreprendre une lutte efficace contre la mendicité qui est interdite", a annoncé M. Ndéné Ndiaye expliquant une telle mesure par le fait que "le Sénégal est sous la menace de ses partenaires qui estiment que nous ne luttons pas de façon efficace contre la traite de personnes". M. Ndéné Ndiaye a réitéré sa conviction que la "la mendicité est organisée par des réseaux qui font mendier des jeunes et qui leur retournent l'argent qu'ils utilisent à d'autres fins". Pour renforcer la lutte contre ce phénomène qui touche également toute la région ouest-africaine, le gouvernement sénégalais a annoncé le renforcement des capacités dans la lutte contre la mendicité à travers la création d'une Cellule nationale spécialisée. Pour le ministre sénégalais de la justice, Cheikh Tidiane Sy, il est nécessaire d'aller plus loin de cette action en mettant en place "une Cellule nationale de lutte contre le trafic des personnes". Cité par l'agence sénégalaise de presse, M. Sy a indiqué que cette structure "pourrait regrouper l'ensemble des acteurs étatiques et non étatiques sous la coordination d'un point focal". Selon lui, cette Cellule regrouperait des représentants de plusieurs ministères ainsi que des "compétences" comme des éducateurs spécialisés, des assistants sociaux, des éléments de la police, de la gendarmerie, de la police judiciaire, des membres de la société civile, des représentants des imams et Oulémas. Elle aura pour mission de mener sur l'ensemble du territoire sénégalais des "activités d'information, de sensibilisation et au besoin de dénonciation aux autorités compétentes en vue de poursuites judiciaires contre les auteurs de traite de personnes". Plusieurs ONG avaient appelé le gouvernement sénégalais à "ne pas rester les bras croisés pendant que des milliers d'enfants sont soumis chaque jour à des violences physiques et à des conditions s'apparentant à de l'esclavage". Il est à rappeler, par ailleurs, que l'ampleur de la mendicité et les dangers qu'elle véhicule au sein de la société, a incité les parlementaires ouest-africains à mettre sur pied "une fédération des réseaux pour la protection des enfants contre les abus et violences". Constatant que beaucoup d'enfants sont exploités par des réseaux de mendicité, les parlementaires ouest-africains ont notamment appelé au "renforcement des législations en matière de lutte contre la mendicité et la traite de personnes".