Les banques centrales africaines devraient élargir leur champ d'action pour désormais "garantir la stabilité du système financier", a préconisé le président de l'Association des banques centrales africaines (Abca) lors d'une rencontre qui se tient à Dakar. "Le rôle des banques centrales ne devrait plus se limiter à veiller à la stabilité monétaire mais aussi à garantir, dans une certaine mesure, la stabilité du système financier", a affirmé Jean-Claude Masangu Mulongo, par ailleurs gouverneur de la Banque centrale de la République démocratique du Congo (RDC). Le banquier congolais s'exprimait ce 19 août 2010 à l'ouverture d'un symposium dans la capitale sénégalaise. Le processus d'intégration monétaire en Afrique commande la mise en œuvre de "mécanismes de stabilisation qui assurent au système financier un fonctionnement et un développement harmonieux", a par ailluers noté le banquier congolais. "Or, les aléas de la crise ont mis en relief l'incidence négative de l'instabilité financière sur la croissance de l'activité, sur la stabilité monétaire et le processus de convergence macroéconomique des pays africains qui se trouve être la première étape d'intégration régionale", a-t-il affirmé dans son allocution dont une copie est parvenue à Ouestafnews. Le symposium de Dakar porte sur le "rôle des banques centrales africaines dans la régulation et la stabilité du système financier". Le forum réfléchit également sur les missions qui seront dévolues à la Banque centrale africaine, en gestation. A cet égard, le président de l'Abca a dit que le passage obligé pour arriver à mettre en place à terme "une banque centrale continentale forte, indépendante et respectée, est, entre autres, celui de la coopération étroite entre tous les intervenants". De son côté, le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), Philipe-Henry Dacoury-Tabley, qui s'apprêtait à prendre la présidence de l'ABCA, a constaté que les dernières évolutions enregistrées au plan mondial, notamment la récente crise financière, ont mis en relief "l'importance de la stabilité macroéconomique et d'assurer la prospérité économique". Selon M. Dacoury-Tabley, les débats prévus lors de cette rencontre permettront d'examiner "les interactions entre la stabilité financière et la politique monétaire", et les participants se pencheront, en outre, sur "les perturbations que connaissent les marchés des capitaux africains, à la suite des turbulences qui ont affecté les marchés financiers internationaux". Le symposium, prévu à la faveur des réunions de l'ABCA, sera une occasion pour "analyser en profondeur les faiblesses de nos marchés financiers, auxquels nous voulons assigner de plus en plus un rôle de premier plan dans le financement de nos économies", a-t-il expliqué. Le symposium se tient, rappelle-t-on, sous le thème "Rôle des banques centrales africaines dans la régulation et la stabilité du système financier". Le choix de ce thème a été dicté par "les leçons qu'il convient de tirer de la récente crise financière internationale", ont indiqué les organisateurs. "Sur toutes ces questions, aussi importantes les unes que les autres, je suis certain que nous aurons des débats féconds qui nous permettront de mieux repositionner les banques centrales africaines dans la régulation et la stabilité du système financier", a notamment dit le responsable de la BCEAO. Intervenant pour sa part, le Premier ministre sénégalais, Souleymane Ndéné Ndiaye, a affirmé que les actions menées par les banques centrales pour soutenir les économies et les trésors publics en difficulté ont "limité les incidences directes de la crise économique et financière". Quant au représentant de la Commission de l'Union africaine, commissaire aux affaires économiques, Maxwell Mkwezalamba, il a appelé les responsables des banques africaines à aider les dirigeants du continent afin d'atténuer l'impact de la crise mondiale sur les économies africaines. L'Abca, qui regroupe 39 banques centrales du continent, a été créée à la suite de la première réunion des gouverneurs de Banques centrales africaines tenue du 15 au 22 février 1965 à Addis Abeba, en Ethiopie. Elle a pour objectif notamment de favoriser la coopération dans les domaines monétaire, bancaire et financier et d'envisager l'avènement d'une monnaie unique et d'une Banque Centrale commune en Afrique au terme d'une convergence macroéconomique réussie. L'Abca a adopté le 4 septembre 2002 à Alger un programme visant la création, à l'horizon 2021, d'une monnaie commune et d'une Banque centrale continentales.