On a vu tout faux. Wade, finalement, n'est pas différent de ses pairs africains. La première mise sur orbite du fils par la mairie de Dakar n'ayant pas fonctionné, le père président tente une deuxième solution. Le président sénégalais vient de mettre son fils Karim sur orbite, probablement pour lui succéder. Le processus ressemble en tous points de vue à celui mis en branle par Moubarak en Egypte. Le rejeton de Wade fait son entrée au gouvernement. Il est bombardé ministre comme super d'Etat. Il hérite de compétences dévolues auparavant à plusieurs ministères ! La voie royale pour un jeune homme qui a été sortie de l'ombre lors du dernier sommet de l'OCI dont il avait préparé la réunion et qui s'est tenu dans la capitale sénégalaise. Le processus s'est enclenché avec la nomination par Wade de son sixième gouvernement à l'issue d'élections municipales qui ont signé le mois dernier la perte de vitesse de son parti. Ce fut vraiment la béré zina pour Wade dont le fils a perdu à Dakar où il était en compétition pour la mairie. Wade qui avait promis, après le revers électoral de son camp regroupé dans le parti présidentiel, le Parti démocratique sénégalais, aux élections locales, d'en tirer les conséquences, se devait de remanier son exécutif. Il n'a pas été loin : il a chargé Souleymane Ndéné Ndiaye, jusqu'alors ministre d'Etat, ministre de l'Economie maritime et des pêches, de diriger l'exécutif avec la priorité d'arrondir les angles de la défaite électorale aux municipales. Il n'est pas allé chercher très loin son nouveau premier collaborateur. Seulement, avant la nomination, Ndiaye a été le seul du clan présidentiel à faire savoir publiquement qu'il n'était pas question pour lui de se ranger derrière le fils du président, Karim Wade, quand sa mise en orbite avait été évoquée ! Alors, a-t-il changé en revêtant le costume de Premier ministre ? Quoi qu'il en soit, il aurait été difficile à Ndiaye de ne pas obéir aux désirs de Wade. Il a dû certainement se souvenir que l'ancien président de l'Assemblée nationale, Macky Sall, a été évincé de son poste pour avoir invité Karim Wade à être auditionné par le Parlement sur les infrastructures réalisées dans le cadre du sommet de l'OCI. Ndiaye a la lourde tâche de remobiliser le clan présidentiel et de préparer l'après-Wade. La prochaine présidentielle aura lieu dans trois ans. La logique de la sanction aux municipales ne se retrouve pas dans la composition du nouveau gouvernement. Des ministres battus aux élections sont restés ! La démocratie à l'africaine dans le pays qui s'enorgueillit d'être le plus démocratique dans le continent africain. Karim Wade est le grand gagnant de ce remaniement. Ministre d'Etat, ministre de la Coopération internationale, de l'Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures ! Wade n'a pas fait dans la dentelle. Un portefeuille hybride qui correspond, dit-on à Dakar, aux domaines dont Karim avait déjà la charge sans en avoir l'attribution. Les Wade ont trois ans pour faire revenir les électeurs sénégalais qui ont rejeté l'héritier le mois dernier en lui infligeant une véritable déculottée à la mairie de Dakar.