A la veille de la relance des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens, le président américain Barack Obama est mis à l'épreuve quant à ses chances de faire parvenir les deux parties à un accord de paix global. Il s'agit de régler les questions du sort d'El-Qods, les frontières d'un Etat palestinien et le droit au retour des réfugiés palestiniens. Après une interruption des discussions en 2008 et les échecs successifs des négociations durant 17 années (depuis les accords d'Oslo), cette nouvelle tentative d'effort de paix commencera mercredi soir lorsque M. Obama réunira autour de lui lors d'un dîner à la Maison Blanche le président palestinien Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu ainsi que le président égyptien Hosni Moubarak et le roi Abdallah de Jordanie, avant que la secrétaire d'Etat Hillary Clinton ne lancera officiellement jeudi les discussions directes. Mais pour la plupart des experts américains de la question du Moyen-Orient, l'heure n'est pas vraiment à l'optimisme sur les perspectives de ces négociations tant l'écart est grand entre les positions des parties palestinienne et israélienne. "Il est difficile de dire que ces négociations directes se solderont par un succès car il y avait déjà eu auparavant des pourparlers directs entre les Israéliens et les Palestiniens qui ont été infructueux. Mais au-delà de la symbolique de l'espoir de mener de telles négociations, la réalité est qu'au niveau de la politique intérieure, ni les Israéliens ni les Palestiniens ne sont capables de faire les concessions qui sont nécessaires pour réaliser des progrès significatifs'', commente Steven A. Cook du Council on foreign relations (CFR). Dans sa politique intérieure, le gouvernement israélien, mené par la coalition de droite, a été stable parce qu'il a résisté à la pression américaine sur le processus de paix, poursuit-il en insistant particulièrement sur la question-clé des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie, pour laquelle le moratoire sur la construction de nouvelles colonies expirera le 26 septembre alors que la partie palestinienne considère que l'extension du moratoire sera le test décisif pour la poursuite de ces pourparlers. D'aucuns avancent que Netanyahu semble peu enclin à proroger cette date tandis que Mahmoud Abbas a maintes fois martelé qu'il se retirera des négociations si les actions d'implantation se poursuivaient. Mais pour les observateurs, la question du moratoire est le premier test de volonté pour les deux parties. Si Netanyahu et Abbas s'en tiendront à la ligne dure, le processus de paix sera mort juste après cette tentative. Mais s'ils sont en mesure de trouver un moyen de contourner cet obstacle, ''ils auront créé un environnement plus positif" pour les autres grandes questions, estime, de son côté, l'ancien ambassadeur américain en Israël et vice-président de Brookings institution, Martin Indik. Conscient de cette menace du moratoire, M. Obama avait envoyé en Israël l'ancien émissaire Dennis Ross, pour tenter de trouver un moyen de négocier cette question et d'essayer d'obtenir une promesse de Netanyahu qu'Israël fera preuve de retenue dans la construction de colonies dans les limites des blocs de colonies en Cisjordanie. ''La plus grande préoccupation d'Obama est de préserver les pourparlers jusqu'au 26 septembre", selon Robert Malley, le directeur du programme du Moyen-Orient et Afrique du nord à l'International Crisis Group. Quant à la question des frontières d'un futur Etat palestinien, l'ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis, Michael B. Oren, a déclaré dans une interview que ce point était subordonné à la résolution des problèmes de sécurité. Dans ce sens, il est cité entre autres mesures éventuelles si accord il y aura, le placement de soldats israéliens à la frontière avec la Jordanie et l'Egypte excluant la présence le long des frontières d'une force internationale ne comprenant pas les Israéliens. Conscient de la difficulté de la tache, le gouvernement américain se montre plutôt prudent quant aux résultats des négociations de jeudi. Dans son briefing quotidien, le porte-parole du département d'Etat, Philip Crowley, a reconnu mardi que les parties prenantes dans ces discussions ne vont pas résoudre toutes les questions lors des pourparlers: ''Ce que nous voulons voir, c'est un engagement à poursuivre énergiquement ces négociations. Au cours des semaines et mois à venir, nous allons essayer d'amener les deux parties à être proches d'un accord mettant fin au conflit".