Les responsables sont en train d'écrire les grandes lignes de ce qu'il est difficile de qualifier de plan de paix, tant ses contours sont vagues et imprécis. Par leur volonté de tout bloquer, ils ne laissent aucune chance à la secrétaire d'Etat américaine qui doit effectuer une nouvelle visite en Israël et dans les territoires palestiniens. « Mme Rice effectuera une visite chez-nous au cours des prochains jours et essayera de relancer les négociations », a déclaré l'ancien Premier ministre palestinien, Ahmed Qoreï, qui dirige l'équipe de négociateurs palestiniens. Mme Rice doit arriver dans la région le 18 février. Israéliens et Palestiniens ont relancé officiellement leurs négociations dans la foulée de la conférence internationale de paix d'Annapolis, fin novembre aux Etats-Unis, où ils se sont notamment engagés à essayer de créer avant la fin de l'année un Etat palestinien. Le président américain, George W. Bush, a effectué une visite dans la région début janvier pour maintenir l'élan d'Annapolis. Les négociations marquent toutefois le pas en raison des récentes violences. « L'escalade israélienne à Ghaza se ressent sur les négociations », a déclaré M. Qoreï, soulignant que, pour les Israéliens, les tirs de roquettes et l'attaque suicide de Dimona avaient également un impact sur les négociations. « Les négociations sont difficiles de même que les questions abordées », a-t-il ajouté. Voilà donc pour le climat qui doit absolument être ramené au contexte politique, lequel ne laisse aucun espoir aux Palestiniens. En effet, le numéro deux du gouvernement israélien, Haïm Ramon, a estimé, lundi, qu'un accord de principes pourrait être conclu en 2008 avec les Palestiniens et non pas un accord de paix. « Je crois qu'il est possible de parvenir à une déclaration de principes (...) personne ne s'attend à un accord détaillé le 1er janvier (2009) », a déclaré le vice-Premier ministre à la presse. Les Palestiniens et notamment le premier d'entre eux le président Mahmoud Abbas, qui était la tête de l'équipe de négociateurs palestiniens en 1993, en savent quelque chose. Il ne s'agit pas d'un accord de paix. D'ailleurs, lui-même nous le disait en septembre 1993 avant que le texte ne soit signé dans les jardins de la Maison-Blanche. On sait ce qu'il en est advenu. Lors de la conférence d'Annapolis, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, et le président palestinien, Mahmoud Abbas, s'étaient engagés, devant le président américain George W. Bush, à tenter de parvenir à un accord de paix en 2008. Dans son discours annuel sur l'état de l'Union, le 29 janvier, M. Bush a réaffirmé son intention de « tout faire » pour qu'Israéliens et Palestiniens parviennent à un accord de paix avant la fin de son mandat, dans moins d'un an. Les négociations israélo-palestiniennes, relancées à Annapolis après sept ans d'impasse, ont jusqu'à présent été minées par la poursuite de la colonisation juive en Cisjordanie occupée, notamment dans le secteur d'El Qods-est. Le message s'adresse aussi à M. Olmert qui risque de perdre son poste. Le parti ultra-orthodoxe sépharade, Shass, le lui a fait savoir en menaçant de quitter le gouvernement en cas de « progrès dans les négociations avec les Palestiniens ». Le 27 janvier, le Shass avait déjà menacé formellement de rejoindre l'opposition dès que s'engageraient des pourparlers avec les Palestiniens sur le statut d'El Qods. M. Olmert s'appuie actuellement sur une assise parlementaire de 67 députés, dont 12 du Shass, pour un total de 120 à la Chambre. Un départ du Shass entraînerait des élections anticipées. Après la conférence d'Annapolis, Israéliens et Palestiniens, rappelle-t-on, ont engagé des négociations intensives sur les questions clefs du conflit (tracé des frontières, El Qods, sort des colonies juives et des réfugiés palestiniens). Mais force est de croire que rien n'en sortira, Israël jouant comme toujours sur le calendrier ou sur la précarité des coalitions qui le dirigent. La paix demeure une vague promesse.