Une ambiance joyeuse et des mouvements intenses autour des commerces du prêt-à-porter pour les sacro-saintes emplettes précédant la fête de l'Aïd El Fitr et la rentrée scolaire, marquent les ultimes soirées du mois sacré de Ramadhan à Batna. La ville qui semble, le plus clair de la journée, vivre "au ralenti" à cause du jeûne mais aussi et surtout de la chaleur torride, s'anime comme par enchantement dès la fin de la prière du Icha. En moins de temps qu'il n'en faut pour vider les mosquées, les places et les rues où sont implantés les commerces d'effets vestimentaires et de chaussures se transforment en de véritables ruches, envahies par les parents accompagnés de leur progéniture pour l'achat des incontournables (et souvent "ruineux") vêtements neufs de l'Aïd. Chaque soir, les commerçants du marché couvert, de l'avenue de la République et de la fameuse avenue de l'Indépendance, désignée localement sous le nom de "Trig Biskra", deviennent la destination première des chefs et des mères de familles. Les patrons de ces magasins n'hésitent pas, comme à l'accoutumée, à achalander leurs boutiques de multiples marques "Made in" affichant des prix souvent prohibitifs pour les faibles et même pour les moyennes bourses qui, comme le souligne Ammi Saïd, entrent dans ces échoppes "par erreur" ou encore "par simple curiosité". Rencontrée dans l'un des commerces de l'avenue de l'Indépendance, Mme Houria, mère de quatre enfants dont trois vont à l'école, affirme que "malgré le sacrifice de ses vacances d'été, la partie du budget familial épargnée par le Ramadhan suffit à peine à faire quelques achats pour l'Aïd". Et il va falloir, dit-elle, "s'endetter pour faire face aux charges de la rentrée scolaire". Le jeune Samir, dynamique propriétaire d'un commerce d'effets vestimentaires situé au cœur des allées Nezzar, reconnaît que les marchandises proposées semblent, en dépit de leur diversité, hors de portée d'une grande majorité de ménages qui préfèrent se rabattre sur les commerces proposant des produits de bas de gamme à des prix plus abordables. Les échoppes de la célèbre "Rue H", à la cité populaire Bouakal et ceux de la cité des 84 logements, en plein centre-ville, constituent, en pareilles circonstances, la destination de prédilection des mères de famille batnéennes mais aussi des communes voisines. Sur ces deux places très commerçantes, réservées quasiment aux femmes, la cliente trouve souvent "chaussure à son pied" parmi la diversité des produits proposés dans des qualités disparates allant du bas de gamme aux grandes marques du prêt-à-porter féminin et masculin. Ce qui est remarquable dans ces deux places, affirment plusieurs mères de familles, c'est qu'on finit presque toujours par trouver ce que l'on recherche aux prix convenant le mieux à nos budgets. Car, ajoutent-elles, ce qui compte le plus c'est cette petite joie qu'apporte au cœur de l'enfant un vêtement neuf. La ville de Batna qui d'habitude sommeille juste après la prière du Icha a ainsi trouvé dans ces ultimes journées de jeûne une occasion pour prolonger ses veillées favorisant l'émergence de certaines activités dont la vente de grillades très prisées par les jeunes veilleurs. Les familles au bout de leurs longues et fatigantes emplettes se réfugient vers les crémeries des allées Ben Boulaïd ou chez les pâtissiers du centre-ville pour se désaltérer avec une boisson fraîche ou "redresser leur glycémie" avec un morceau de baqlawa bien sucré.