L'accord auquel sont parvenus les banquiers centraux et régulateurs à Bâle (nord de la Suisse) sur la réforme du secteur financier a provoqué une levée de bouclier dans le secteur bancaire international. Les patrons des grands établissements financiers craignent en effet que ces nouvelles directives, destinées à rendre les établissements plus résistants face à de futures crises, les obligent à lever des sommes colossales. Le nouveau cadre réglementaire, salué toutefois par la classe politique et les gouverneurs des banques centrales des pays développés, demandera des "efforts considérables de la part des banques", selon la Fédération bancaire française (FBF). Les nouvelles normes prudentielles du secteur bancaire au niveau international, prévoient notamment qu'au terme d'une phase d'adaptation qui s'achèvera fin 2018, leur ratio de fonds propres "durs" (actions et bénéfices mis en réserve) rapportés à leurs engagements devra atteindre 7% en intégrant un coussin ou amortisseur censé les protéger en cas de crise financière. Très peu d'établissements satisfont aujourd'hui à cette exigence, ce qui va les amener à mettre une part significative de leurs bénéfices en réserve voire à lever du capital si cela s'avère insuffisant. Cette série de réformes, qui va également introduire de nouvelles normes sur les liquidités, sera présentée lors de la réunion des dirigeants du G20 en novembre à Séoul. Ainsi, il est prévu le relèvement du ratio minimum du "noyau dur" de fonds propres, l'un des plus importants indicateurs permettant de mesurer la solidité financière des banques, de 2% actuellement à 4,5% des actifs d'ici 2015 avant sa mise en place définitive en janvier 2019. Outre cette nouvelle disposition, la FBF a insisté sur le fait que les banques de taille systémique (dont la chute pourrait menacer le système financier) "devraient avoir une capacité à absorber des pertes supérieures aux exigences annoncées aujourd'hui". Les banquiers centraux ont admis que les grandes banques auront besoin d'un montant important de capitaux supplémentaires pour répondre à ces nouvelles normes. D'où une entrée en vigueur progressive. Mais les grands argentiers ont prévenu qu'ils mettront en place "des processus rigoureux de compte-rendu pour surveiller les ratios". Ils ont cependant gardé une porte ouverte à d'éventuels ajustements en annonçant qu'ils "répondront aux conséquences inattendues". Pour le patron de la Banque centrale allemande, "la phase de transition graduelle va permettre à toutes les banques de remplir les exigences de niveau minimum requis en terme de capital et de liquidités". Pour leur part, les autorités américaines ont estimé que ces normes permettront "de réduire la fréquence et la sévérité de futures crises". La Fédération bancaire française (FBF) a quant à elle averti que "les exigences du Comité de Bâle demanderont des efforts considérables de la part des banques". Seulement très peu d'établissements satisfont aujourd'hui à ces nouvelles exigences, ce qui va les amener à mettre une part significative de leurs bénéfices en réserve voire à lever du capital si cela s'avère insuffisant. "Les banques européennes respecteront les nouvelles obligations, mais cela aura des conséquences sur le volume et le coût du crédit, et donc un coût aussi pour notre économie", selon Guido Ravoet, secrétaire général de la Fédération bancaire européenne (FBE). Il souligne "qu'en Europe, 75% des prêts au secteur privé sont effectués par les banques, contre seulement 25% aux Etats-Unis" où le recours au marché est plus important.