Les journées européennes du patrimoine (18-19 septembre) sont célébrées en France sur fond d'une polémique née de la décision du président Nicolas Sarkozy de "localiser" le futur musée de l'histoire dans les palais des archives nationales, au cœur de Paris. Cette option annoncée lors d'une récente visite présidentielle des grottes de Lascaux, en Dordeogne, a suscité l'ire du mouvement syndical. Les Archives nationales ont été en effet occupées jeudi dernier par le personnel qui s'oppose au projet d'implantation de la Maison de l'Histoire de France le site parisien du Marais, l'intersyndicale dénonçant une "précarité accrue du personnel" et l'absence de création de postes à l'occasion de ce déménagement. Le secrétaire général de la CGT-Archives a indiqué, dans une déclaration à la presse, qu'un préavis de grève reconductible à compter du vendredi 24 septembre a été déposé. Ce week-end, "les Journées du patrimoine seront placées aux Archives sous le signe de la mobilisation et le personnel fera voir au public l'envers du décor. Un appel de l'intersyndicale et une pétition seront aussi rendus publics à cette occasion", a-t-il souligné. Une partie des archives conservées dans ce vaste quadrilatère, composé de plusieurs hôtels particuliers, doit partir à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) d'ici 2013. La Maison de l'Histoire de France a besoin d'environ 10.000 m2 sur les 35.000 du quadrilatère. Son ouverture est prévue en 2015. Commentant ce projet de "Maison de l'Histoire de France", formulé en 2007 par Nicolas Sarkozy et qui ouvrira ses portes en 2015 au cœur du Marais, l'historien Nicolas Offenstadt, maître de conférences à l'Université Paris 1 et membre du Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire (CVUH), a affirmé que l'initiative est "impopulaire". "Personne ne réclame ce musée d'histoire de France. Je ne connais aucun historien qui a fait part de cette volonté ou de cette ambition. Et on n'entend pas non plus dans le public ce genre de demande. Parfois on entend des demandes d'expositions particulières sur un thème, sur une période, mais pas sur un musée d'histoire de France en général", a-t-il déclaré dans un entretien accordé à RFI. Pour l'expert, l'entreprise est on ne peut plus une "approche idéologique et une instrumentalisation de l'histoire". Dans le cas de ce musée de l'histoire de France, a-t-il estimé, il y a la volonté d'illustrer un discours politique et une tendance politique qui est celle du débat sur l'identité nationale et les grands discours de Sarkozy sur la France, sur l'identité, sur la sécurité, sur l'immigration. Le coût de l'aménagement des 34 000m2 carrés de surface utiles des Archives nationales pour accueillir la Maison de l'histoire de France est estimé entre 60 et 80 millions d'euros.