La bataille de Sidi Brahim, menée en septembre de l'année 1845 à Ghazaouet (Tlemcen) pendant trois jours par l'Armée de l'Emir Abdelkader contre l'occupant français, a été évoquée dimanche à Alger par des responsables de la Fondation Emir-Abdelkader. Le président de la Fondation et le président de son conseil scientifique, respectivement, MM. Mohamed Boutaleb et Zaïm Khenchelaoui, ont présenté, lors du forum du quotidien El-Moudjahid, un aperçu historique sur la bataille de Sidi Brahim, une bataille dans laquelle le lieutenant-colonel Lucien de Montagnac fut abattu. "La bataille de Sidi Brahim qui a eu lieu du 23 au 26 septembre de l'année 1845 à Ghazaouet représente un chapitre des plus importants de l'histoire de l'Algérie et même de celle de la France. Parler de cette bataille et l'évoquer est un devoir de mémoire", a indiqué M. Boutaleb. Il a relevé que cet évènement historique est célébré même dans l'autre rive de la Méditerranée, précisément en France, en signe d'hommage aux soldats français tombés au champ de bataille. "Comme vous devez le savoir, la France célèbre même ses défaites. Elle l'a toujours fait pour glorifier ses soldats qui ont, soit-disant, préféré se sacrifier pour son honneur au lieu de se rendre à l'Armée de l'Emir Abdelkader. C'est en quelque sorte pour prouver qu'il y a eu de la résistance", a déclaré M. Boutaleb. De son côté, le Dr Khenchelaoui a tenu à rappeler que "c'est au premier jour de la bataille de Sidi Brahim que l'un des tortionnaires de l'histoire, le sinistre criminel de guerre, le lieutenant-colonel Lucien de Montagnac, coupable de nombreux crimes à l'encontre des Algériens dont il se vantait honteusement sans aucun remord, fut éliminé". Il a ajouté que "la bataille de Sidi Brahim dura trois jours et trois nuits et que seulement 11 soldats ennemis sortirent vivants de cette bataille héroïque à laquelle des femmes de la région avaient participé et réussirent à éliminer de nombreux agresseurs français en usant seulement de leurs outils agricoles, à savoir des faucilles". Le Dr Khenchelaoui a souligné que cette bataille et l'endroit où elle avait eu lieu représentaient "un lieu de mémoire et une date clé pour l'évolution de la situation militaire et politique de l'Algérie". "Visiter ce lieu ne devrait pas être juste pour le plaisir de le visiter, mais aussi pour se rappeler de ces évènements qui ont marqué notre histoire de par leur grandeur", a-t-il dit. Il a, à cet égard, appelé à l'organisation de visites guidées pour les lycéens et les collégiens dans l'ensemble des lieux historiques que recèle le pays, estimant que ce genre d'actions représentent un moyen "efficace" pour transmettre les différents chapitres et étapes de l'histoire aux jeunes générations. Par ailleurs, le Dr Khenchelaoui, chercheur en anthropologie des religions spécialisé en soufisme, a plaidé pour davantage de rencontres et d'études autour de l'oeuvre de l'Emir Abdelkader et son parcours, déplorant le "peu" de thèses dans les universités algériennes consacrées à l'Emir, contrairement, a-t-il dit, aux universités étrangères dans les quatre coins du monde. Le président de la Fondation Emir-Abdelkader a rappelé qu'un colloque national sur la spiritualité de l'Emir Abdelkader se tiendra le 30 septembre et le 1er octobre à Ghazaouet en collaboration avec la direction de la Culture de Tlemcen et du comité de wilaya chargé des manifestations et activités culturelles et artistiques. Plusieurs communications seront présentées durant le colloque, portant autour de thèmes variés mais liés aux dimensions spirituelles du parcours et de l'oeuvre de l'Emir Abdelkader, comme "Le message de l'Emir à la nation et au monde", "Dialogue des civilisations", "l'Emir Abdelkader et Sidi Abû Median" et "La bataille de Sidi Brahim", selon le programme de la rencontre qui sera prolongée à travers un pèlerinage sur les lieux de mémoire qui ont marqué le parcours de l'Emir.