Des experts de plus de 75 Etats membres de la FAO ont affiché lundi à Rome leur pessimisme quant à une baisse des prix des produits alimentaires, s'inquiétant de la détérioration de la situation alimentaire mondiale dans peu de temps. Réunis au siège de l'organisation onusienne pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), ces experts ont mis en avant la nécessité de recourir à "de nouvelles mesures pour enrayer la volatilité des prix alimentaires et gérer les risques" qui leur sont associés. Ces experts qui ont qualifié les hausses de prix des produits alimentaires sur les marchés internationaux de "menace sérieuse pour la sécurité alimentaire", ont recommandé d'engager des réflexions nouvelles pour faire face aux causes des ces flambées Ces experts ont pointé du doigt le "lien croissant avec les marchés externes, en particulier l'impact de la financiarisation sur les marchés à terme", mais aussi le "manque d'informations sur la situation de l'offre et de la demande agricoles et de transparence des marchés, pour expliquer ces hausses des prix. Il y a également, selon eux, les brusques changements déclenchés par les situations nationales de sécurité alimentaire et les fièvres d'achat et la thésaurisation, qui en sont des causes. Pourtant, affirment les participants à cette réunion, l'offre et la demande mondiales de céréales semblent se maintenir en équilibre, en relevant que les pertes de récolte inattendues dans certains grands pays exportateurs, suivies d'interventions de politique nationale et de comportements spéculatifs, plutôt que les indicateurs de base du marché mondial, ont été les facteurs décisifs à l'origine de la récente escalade des cours mondiaux et de la volatilité des prix. Les participants ont en outre, préconisé l'intensification de la collecte et de la diffusion d'informations de la FAO à tous les niveaux, le renforcement des capacités en matière de suivi des intentions de semis, de développement des cultures, d'information sur les marchés intérieurs et des différentes dimensions du comportement des marchés à terme, y compris la participation des opérateurs non commerciaux. Selon le rapport trimestriel de la FAO sur les perspectives de l'offre et de la demande de céréales, la production mondiale de céréales de 2010 devrait s'établir à 2.239 millions de tonnes, seulement 1% de moins que le résultat de l'an dernier et la troisième récolte de tous les temps. Le fléchissement s'explique essentiellement par la récolte réduite de céréales dans les pays de la Communauté des Etats indépendants (CEI). Le document estime que la facture d'importations céréalières des 77 pays les plus pauvres du monde devrait augmenter de 8% par rapport à 2009-10 pour s'établir à 27,8 milliards de dollars, compte tenu de la hausse des cours internationaux. Par conséquent, ce sont les pays importateurs dont l'aliment de base est le blé qui seront les plus touchés par la hausse des prix du blé, a averti le texte, en citant notamment ceux du Proche-Orient et d'Afrique du Nord, de la CEI d'Asie centrale et de l'Amérique du Sud. L'impact de la hausse des prix sur les consommateurs dépendra des politiques en vigueur dans chaque pays, selon le rapport, pour qui dans l'ensemble, on prévoit un impact moins immédiat des prix élevés du blé à l'exportation en Afrique subsaharienne, où les principales denrées de base sont le maïs et d'autres céréales secondaires. S'agissant de l'Afrique orientale et australe, et compte tenu des bonnes récoltes de 2010, les prix des céréales étaient inférieurs à leur niveau d'avant la crise alimentaire, à l'exception du Soudan, relève le texte, constatant que les aliments de base, sont demeurés élevés. Pour ce qui est de l'Afrique de l'Ouest, le rapport estime que les prix ont également reculé début septembre tout en demeurant élevés, en particulier au Niger et dans certaines parties du Tchad. Enfin, en Asie, les tendances du prix du riz, principal aliment de la région, étaient mitigées, alors qu'en Amérique centrale, les prix de l'aliment de base, le maïs, ont subi une légère augmentation en juillet, tout en demeurant inférieurs à ceux d'il y a 2 ans, souligne le texte.