Les trois organisations des Nations unies, qui ont pour mission de soutenir le droit à l'alimentation dans le monde, ont lancé hier, à partir de leur siège à Rome, un appel pressant aux décideurs réunis à l'occasion du sommet du G8, à Tokyo, les invitant à accroître les financements publics du secteur de l'agriculture. Rome. De notre correspondante Saisissant l'occasion de la rencontre des représentants des pays les plus industrialisés, qui se déroule au Japon, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, le Fonds international pour le développement agricole et le Programme alimentaire mondial ont appelé les gouvernements, dans un communiqué commun, à consacrer plus d'aides financières au développement de l'agriculture. Les experts de ces agences rendent la baisse des subventions publiques, la principale cause de la crise alimentaire qui frappe le monde actuellement. En effet, l'aide publique au développement est passée de 17% à 3%, de l'ensemble du budget des Etats, en 2006. Le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, et le président du Fida, Lennart Bage, ainsi que le directeur exécutif du Pam, Josette Sheran, ont uni leurs voix pour demander aux gouvernements de se montrer plus responsables et de revenir à un taux de cette aide publique au développement, notamment celle destinée à l'agriculture, plus raisonnable, surtout pour faire face à la crise alimentaire qui menace les pays les moins riches. Le soutien constant des petits agriculteurs dans le monde reste, selon la Fao, l'une des solutions cruciales pour affronter la crise. Le communiqué des trois agences onusiennes rappelle aux décideurs les engagements pris lors du dernier sommet sur l'alimentaire, qui s'est tenu à Rome en juin 2008, et qui insistait sur la nécessité de doubler la production mondiale en produits vivriers d'ici 2050 pour pouvoir nourrir les 9 milliards de personnes. La déclaration conjointe souligne également l'intérêt d'investir dans un secteur aussi rentable que celui de l'agriculture, vu l'augmentation significative des prix des produits alimentaires. Il ne s'agit donc pas seulement de politique sociale de soutien aux catégories les plus vulnérables, mais surtout d'un investissement porteur à moyen terme. La révolution verte préconisée par la Fao ne pourrait se faire sans une décision politique cohérente qui se donne les moyens de venir en aide à un secteur relégué, surtout par les gouvernements du Sud, au second plan. Mais face à la montée de la colère des populations réduites à dépenser les deux tiers de leur budget pour se nourrir, les décideurs doivent réviser leur politique en matière de développement et accorder, sans lésiner, des aides publiques substantielles à un secteur qui, si sérieusement soutenu, pourrait affranchir les pays importateurs de produits alimentaires d'une lourde et dangereuse dépendance.