Selon un rapport rédigé en vue d'une réunion du G8 sur l'agriculture, il faudra que la production alimentaire double d'ici 2050 pour que la planète évite les pénuries et une hausse des prix qui porteraient un coup à la stabilité dans le monde entier. "En l'absence d'interventions immédiates dans l'agriculture et dans les systèmes de commercialisation des denrées alimentaires, la crise traversée en 2007 deviendra structurelle dans quelques décennies seulement", lit-on par ailleurs dans ce document, qui fait là allusion à la forte hausse des cours des denrées alimentaires qui s'est produite en 2007-2008. Le document a été élaboré par la présidence italienne du G8, dans la perspective d'une réunion sur l'agriculture à Trévise du 18 au 20 avril, précise le Financial Times. Selon le document du G8, une nouvelle crise alimentaire aura "de graves conséquences non seulement sur les relations commerciales mais de même sur les relations sociales et internationales, lesquelles auront un impact direct sur la sécurité et la stabilité de la politique internationale". D'un autre côté, le président de l'Assemblée générale de l'ONU, Miguel D'Escoto, a appelé lundi à une "nouvelle politique de l'alimentation" basée sur le droit à se nourrir, soulignant qu'un milliard de personnes à travers le monde étaient au bord de la famine. "Nous avons besoin d'avoir une approche en matière de production alimentaire qui soit multifonctionnelle, qui se préoccupe des pauvres et de leur droit à l'alimentation, qui se préoccupe de la planète et de son droit à la vie, qui se préoccupe des communautés et de leur droit à l'autogestion", a dit M. D'Escoto à l'ouverture d'un dialogue sur la crise alimentaire au siège des Nations unies à New York. Le dialogue, qui fait suite à la réunion de haut niveau sur la sécurité alimentaire fin janvier à Madrid, a rassemblé des économistes, des spécialistes de l'agriculture et des droits de l'homme et d'autres experts pour discuter des changements nécessaires à la production agricole mondiale dans la perspective du droit à l'alimentation. Toutes les six secondes, un enfant meurt de malnutrition, a rappelé le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l'alimentation, Olivier de Schutter. "La crise alimentaire mondiale est loin d'avoir été enrayée", a-t-il déclaré dans un communiqué. Il a appelé à concevoir différemment la production et le commerce alimentaires pour s'assurer qu'ils servent le développement, le droit à l'alimentation et les travailleurs agricoles. Selon le Président de l'Assemblée générale, il est important de comprendre que la crise alimentaire est directement liée à la crise financière, à la crise énergétique et au changement climatique. Il a appelé à la fin de "la domination des multinationales de l'alimentation industrialisée" et à des systèmes alimentaires orientés vers les gens aux niveaux local, régional et international. Il faut savoir que les prix alimentaires impactent particulièrement sur les pays en développement lesquels ont besoin de financements pour soutenir leur agriculture. Aujourd'hui, bien que les prix des céréales aient baissé sur les marchés, la FAO, l'organisation onusienne pour l'agriculture et l'alimentation, s'inquiète de la situation alimentaire dans les pays en développement. "Alors que les prix des produits alimentaires sont en régression au plan international, ainsi que l'indique l'indice FAO des prix alimentaires, l'outil en question montre que ces prix ont baissé moins vite ou pas du tout dans les pays en développement", selon l'experte de la FAO Liliana Balbi. Le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, précise, quant à lui, que les réserves de céréals sont au plus bas depuis trente ans et craint que les problèmes climatiques aggravent davantage la situation. "Nous craignons qu'en cas de sérieux problèmes climatiques qui affecteraient la production, nous ne revenions à la situation de 2007. On a déjà de graves inondations en Amérique du Nord et dans le sud de l'Afrique.", précisait-il le 30 mars dernier à Bangkok. Pour Jacques Diouf, "le grand problème, c'est la baisse de la part de l'agriculture dans l'aide au développement qui est passée de 17 % en 1980 à 3 % en 2006". Le directeur de la FAO estime à 30 milliards de dollars les besoins de financements pour aider l'agriculture des pays en développement. Les Etats-Unis ont déjà annoncé qu'ils allaient doubler leur aide alimentaire, la portant à plus d'un milliard de dollars, notamment sous la forme d'une aide au développement agricole. D.T.