NEW YORK (Nations unies) - Le Conseil de sécurité a exprimé lundi sa préoccupation sur les opérations de prises d'otage et sur l'utilisation de ce moyen par les groupes terroristes pour obtenir des financements. "Le Conseil se déclare préoccupé par la multiplication des enlèvements et des prises d'otages dans certaines régions du monde et dans un contexte politique particulier dans le but de lever des fonds ou d'obtenir des concessions politiques", a indiqué la déclaration présidentielle approuvée par la réunion du Conseil de sécurité consacrée à la lutte contre le terrorisme, dont plusieurs membres étaient représentés au niveau ministériel dont la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton. En outre, il a réaffirmé l'obligation faite aux Etats membres de "prévenir et de réprimer le financement d'actes terroristes et d'ériger en infraction la fourniture ou la collecte délibérée, par leurs nationaux ou sur leur territoire, par quelque moyen que ce soit, directement ou indirectement, de fonds que l'on prévoit d'utiliser, ou dont on sait qu'ils seront utilisés pour perpétrer des actes de terrorisme''. Concernant les opérations de prises d'otages précisément, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, William Hague, a affirmé, lors de cette réunion, qu'en se basant sur l'expérience de son propre pays, il était clairement prouvé que "le paiement de rançon a non seulement permis le financement du terrorisme mais a aussi encouragé davantage les prises d'otages". Par ailleurs, le Conseil a réitéré sa préoccupation que lui inspirent "les liens de plus en plus étroits que le terrorisme entretient, dans bien des cas, avec la criminalité transnationale organisée, la drogue illicite, le blanchiment d'argent et le trafic d'armes" et souligné qu'il convenait de mieux coordonner l'action menée aux échelons national, sous-régional, régional et international afin de renforcer la riposte mondiale grâce à ce grave problème. Le Conseil a noté avec préoccupation que le terrorisme restait une grave menace pour la paix et la sécurité internationales et compromettait la stabilité et la prospérité mondiales, menace devenue plus diffuse du fait de la multiplication, dans diverses régions du monde, des actes de terrorisme inspirés notamment par l'intolérance et l'extrémisme et exprimé sa détermination à combattre cette menace. Il a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, réaffirmé que tout acte de terrorisme est criminel et injustifiable, en réaffirmant également que "le terrorisme ne saurait être associé à aucune religion ou nationalité, ni à aucun groupe ethnique". Le Conseil, tout en étant conscient des importants progrès accomplis, a reconnu qu'il restait des insuffisances à combler dans la lutte mondiale contre le fléau du terrorisme, exhorté tous les Etats membres et le système des Nations unies à remédier à ces insuffisances et souligné la nécessité de veiller à ce que la lutte contre le terrorisme demeure une priorité à l'échelon international. Le Conseil a réaffirmé "l'importance de toutes ses résolutions et déclarations sur le terrorisme rappelant notamment ses résolutions 1373 (2001) et 1624 (2005), ainsi que les autres instruments internationaux de lutte contre le terrorisme" et a souligné qu'ils devaient être pleinement mis en œuvre et lancé un appel en faveur d'une coopération accrue à cet égard. Le Conseil a appelé à nouveau tous les Etats membres à adhérer d'urgence aux conventions et protocoles internationaux relatifs à la lutte antiterroriste, qu'ils soient ou non parties à une convention régionale sur la matière, et à s'acquitter pleinement des obligations qui leur incombent en vertu des instruments auxquels ils sont parties. Il a appelé à nouveau les Etats à renforcer leur coopération et leur solidarité, notamment par le biais d'arrangements et d'accords bilatéraux et multilatéraux visant à prévenir et à réprimer les attentats terroristes, et les a encouragés à renforcer leur coopération aux niveaux régional et sous-régional, en particulier par l'intermédiaire de mécanismes régionaux et sous-régionaux et grâce à une meilleure coordination sur le plan opérationnel. Il a condamné une fois de plus, dans les termes les plus vigoureux, l'incitation à commettre des actes de terrorisme et toute tentative pour justifier ou glorifier des actes de terrorisme susceptibles d'inciter à commettre d'autres actes de terrorisme et a reconnu qu'il importait que les Etats membres coopèrent pour empêcher les terroristes d'exploiter les technologies, moyens de communication et ressources disponibles pour inciter à appuyer des actes de terrorisme. Le Conseil a estimé que les sanctions sont un outil important de lutte contre le terrorisme, et est resté résolu à faire en sorte qu'il soit institué des procédures équitables et claires pour l'inscription d'individus et d'entités sur les listes des comités des sanctions et leur radiation de ces listes, ainsi que pour l'octroi d'exemptions pour raisons humanitaires et a rappelé, dans ce contexte, ses résolutions 1822 (2008) et 1904 (2009), y compris la désignation d'un médiateur et d'autres aménagements d'ordre procédural apportés au régime des sanctions contre Al-Qaida et les Taliban. Il a rappelé ce que les entités des Nations unies et leurs organes subsidiaires font pour aider les Etats membres à renforcer leurs capacités techniques et autres de lutte contre le terrorisme, tout en soulignant que certains Etats membres n'avaient pas les moyens d'appliquer les résolutions du Conseil concernant la lutte contre le terrorisme et des questions connexes et a noté avec préoccupation que les groupes terroristes et autres organisations criminelles cherchent à exploiter ces défaillances. Le Conseil a souligné à cet égard qu'il importait d'aider les Etats à se donner les moyens nécessaires en leur fournissant l'assistance technique voulue pour donner effet aux résolutions, et a encouragé les Etats à faire tout leur possible pour mener à bien les négociations sur le projet de convention générale sur le terrorisme international. Il est à rappeler que le conseiller auprès du président de la République, Kamel Rezag Bara, avait mis en garde récemment à New York sur la grave menace pesant sur la sécurité internationale du phénomène de prises d'otages par les groupes terroristes suivi de demandes de rançons et d'élargissement de terroristes en contrepartie de la libération d'otages, appelant à la mise en place de procédures de rappel à l'ordre contre les Etats qui ne respecteraient pas leurs engagements. Intervenant dans le cadre de la deuxième revue par l'ONU de la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme tenue en début septembre en cours, à travers le panel consacré au thème "La rançon comme moyen de financement du terrorisme", M. Rezag Bara avait avisé la communauté internationale qu'outre une médiatisation importante des opérations de kidnapping, les terroristes exercent par ce procédé, une pression sur les pays d'origine des otages. A ce propos, il avait regretté qu'en cédant au chantage, ces Etats ne font qu'encourager les groupes terroristes à persévérer dans leurs activités criminelles: "Certains de ces pays semblent, en tout cas, obéir à la seule sécurité de leurs ressortissants, sachant l'usage que fait le terrorisme des rançons récoltées pour le financement de leurs activités criminelles, notamment en termes d'acquisition d'armements, de capacité de recrutement et de moyens logistiques sophistiqués".