L'ethnomusicologie, ses définitions, ses perspectives et sa numérisation ont été au centre de communications données dimanche au Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH, Alger), dans le cadre des journées d'études organisées les 3 et 4 octobre par le centre de recherches. "L'ethnomusicologie est l'ethnologie musicale, c'est-à-dire l'étude de la musique dans les sociétés", a expliqué dans son intervention, Jean Lambert, chercheur au Centre de recherche en ethnomusicologie (CREM, Paris), qui a fait l'historique de cette discipline qui est née en 1950 à partir, a-t-il précisé, de la fusion de la musicologie et de l'ethnographie. "L'ethnomusicologie englobe l'étude des sociétés de tradition orale, celle des sociétés à civilisations avancées d'Afrique et d'Asie qui avaient une écriture depuis longtemps mais qui n'avaient pas d'écriture musicale, celle des musiques populaires de l'Europe assez peu affectées par la transcription de la musique occidentale dite savante et enfin l'étude de toutes les musiques populaires modernes telles que le jazz et le rap", a-t-il expliqué. "La recherche musicologique a été pendant longtemps réduite à l'histoire de la musique occidentale", a pour sa part relevé le chercheur allemand Jurgen Elmer précisant qu'il y a cent-vingt-cinq ans naissait la musicologie comparée. "Lethnomusicologie moderne a ouvert un champ d'activités multiples", a ajouté le chercheur qui a déploré "l'étroitesse" de la musicologie traditionnelle. "Les musiques sont des créations spirituelles qui renforcent les relations sociales", a affirmé l'universitaire allemand ajoutant "on doit réfléchir à une ethnomusicologie universelle". Mahmoud Guettat, universitaire et chercheur tunisien, a, quant à lui, traité des perspectives de l'ethnomusicologie dans le Maghreb, estimant que les travaux sur les musiques du Maghreb sont "abondantes mais elles se font dans la dispersion". "Le champ des études et des recherches s'est considérablement élargi", s'est cependant réjoui le chercheur, estimant qu'"il est temps de dresser un bilan exhaustif des recherches individuelles et collectives". "Pourquoi ne pas penser à une carte musicale du Maghreb, à l'instar des cartes archéologiques", s'est interrogé l'intervenant estimant que "l'accent doit être mis sur les travaux et thèses faites par les chercheurs et les institutions en charge du patrimoine musical". "Nous devons faire un état des lieux des recherches faites dans ce domaine", a conclu l'universitaire qui a mis en exergue la richesse "extraordinaire" de ces écrits qui, a-t-il précisé, "une fois archivés, seront d'un grand apport aussi bien pour les étudiants que les chercheurs". Le chercheur français Véronique Ginouvès, sous le titre "Ecouter les enquêtes de terrain : analyse, numérisation, valorisation des archives sonores", a souligné l'importance de la collecte des matériaux et de la validation des archives "par un recoupement avec d'autres archives ou des observations ultérieures et la reconnaissance par ses pairs de la valeur du travail scientifique qui en est issu". "La numérisation n'est pas qu'un acte technique. Numériser un document inédit c'est l'éditer, c'est-à-dire passer du support au contenu, organiser les séquences sonores, les nommer, indiquer les métadonnées et graver", a expliqué l'universitaire ajoutant que pour "valoriser" les archives sonores, il est nécessaire de rédiger un carnet de recherche, mettre en place une base de données, éditer des catalogues thématiques, cartographier les archives sonores et participer à des portails thématiques.