Photo : Slimene S.A. Si les recherches existent, elles demeurent néanmoins éparses malgré l'abondance et la richesse du patrimoine musical maghrébin. Le riche patrimoine musical pour lequel est connu le Maghreb souffre de ses «gestionnaires». Ce n'est là ni un scoop à faire la manchette de la presse, encore moins, un fait nouveau que musicologues et ethnomusicologues découvrent, du coup. A proprement parler, la «folklorisation» qui a toujours tenu le haut du pavé des politiques culturelles des pays de la région, a rendu caduque toute tentative de récupérer, au sens académique du terme, des expressions musicales dont certains, pour ne pas dire une grande partie, remontent à bien des siècles. «Il n'existe pas de politiques culturelles sérieuses encourageant les chercheurs pour accomplir leur travail sur le terrain», tranche sec, Mahmoud Guettat, docteur tunisien en musicologie de notoriété mondiale, au cours des journées d'études sur l'ethnomusicologie, organisées depuis dimanche à Alger, par le Centre national des recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH). D'où, précise-t-il, l'état épars qui caractérise à ce jour, les recherches, qui gagnent pourtant en abondance, et en qualité. «Le moment est venu pour qu'on pense à établir une cartographique de la musique pour chaque pays, de manière à dresser un bilan exhaustif des recherches individuelles et collectives», suggère l'éminent professeur, également spécialiste de la musique arabe. Slimane Hachi, préhistorien et directeur du CNRPAH, ne l'entend pas ainsi. Puisque, à ses dires, le ministère algérien de la Culture, a mis en œuvre une politique culturelle dont la prise en charge du patrimoine, immatériel notamment, constitue l'un des principaux piliers. Pour preuve, M. Hachi cite la création toute récente d'une banque de données qui a pour tâche de collecter et répertorier toutes les expressions culturelles immatérielles du pays. Il citera pour autre exemple, l'adhésion, en 2003, de l'Algérie à la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco, ou encore l'acquisition par son département d'une station de numérisation pour la sauvegarde réelle et efficace du patrimoine. A propos de la numérisation, autre chapitre important de la rencontre, le chercheur français Véronique Ginouvès a souligné l'importance de la collecte des matériaux et de la validation des archives par un recoupement avec d'autres archives ou des observations ultérieures et la reconnaissance par ses pairs de la valeur du travail scientifique qui en est issu. «La numérisation n'est pas qu'un acte technique. Numériser un document inédit c'est l'éditer, c'est-à-dire passer du support au contenu, organiser les séquences sonores, les nommer, indiquer les métadonnées», a expliqué l'universitaire ajoutant que pour valoriser les archives sonores, il est nécessaire de rédiger un carnet de recherche, mettre en place une base de données, éditer des catalogues thématiques, cartographier les archives sonores et participer à des portails thématiques.