La formation continue au profit des sages-femmes est "une nécessité impérieuse" dans la mesure où elle contribue à la réussite des programmes de santé publique, a estimé, dimanche Guerrouche Akila, présidente de l'Union nationale des sages-femmes algériennes (UNSFA). "Les sages-femmes n'ont pas bénéficié de formation continue et de mise à jour depuis longtemps", a tenu à dire Mme Guerrouche qui s'exprimait dans le cadre du forum du quotidien El Moudjahid. Pour la présidente de l'UNFSA, cette situation n'est pas faite pour améliorer les prestations en matière de santé d'autant, note-t-elle, que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a, à chaque fois que l'opportunité s'est présentée, relevé le "rôle important" que joue la sage-femme et la nécessité pour cette dernière de bénéficier d'une formation continue à même de lui permettre de maîtriser les divers aspects liés à son activité. Outre les appels de l'instance onusiennne au sujet du perfectionnement des sages-femmes, Mme Guerrouche a insisté pour dire que "depuis 2001 au moins", le ministère de la Santé ne cesse d'appeler, en vain, à la nécessité de la mise en place d'un vaste programme de formation continue au profit des sages-femmes. "On a appelé à un +plan Marshall+ en matière de formation continue, mais nous n'avons rien vu venir", relève la présidente de l'UNFSA. "Si les conditions de travail ne s'améliorent pas et que le perfectionnement continue à être relégué au second plan, il n'est pas exclu que le nombre des sages-femmes -- officiellement elles sont 7000 -- ne soit revu à la baisse", avertit l'oratrice, relevant que cela contrasterait avec le nombre des naissances, qui, lui, est de 800 mille par an depuis 2008, augmentant depuis lors de 200 mille chaque année. Selon elle, la charge de travail à laquelle sont confrontées les sages-femmes est "très grande" à telle enseigne qu'un hôpital doit, parfois, faire face à 100 naissances par jour, insiste-t-elle. "Avec un tel flux, vous devez faire preuve de célérité et avoir le sens de l'anticipation", explique-t-elle, ajoutant qu'il faut parfois jouer au psychologue pour pouvoir sortir de situations difficiles, notamment lorsque la malade (ou sa famille) fait preuve d'agressivité. Au sujet des domaines susceptibles de faire l'objet d'une formation continue, Mme Guerrouche signale que ce sont tous ceux qui ont trait au travail de la sage-femme, à l'instar des décès maternels et néo-natal, de la formation dans le domaine psychiatrique (deuil en cas de décès natal et prise en charge de la dépression post-natale), de la naissance des handicapés et de la lutte contre la malnutrition. Outre ce qui précède, l'oratrice a relevé la nécessité de la mise en place d'une formation dans le domaine de la médecine légale, ce qui éviterait bien des démêlées avec la justice. "L'épée de Damoclès est en permanence suspendue sur les têtes des sages-femmes qui, le plus souvent, sont les premières à être convoqués par la justice en cas de décès", fait-elle remarquer. Mme Guerrouche estime que de même que des juges se sont spécialisés dans certains domaines (foncier, immobilier...), il faut qu'il en soit de même pour la médecine afin qu'il y ait meilleure compréhension de tous les aspects liés à une affaire donnée et que le jugement, qui découlera, soit le plus objectif possible. Avant de clore son intervention, la présidente de l'UNFSA a annoncé qu'un débrayage sera observé au cours du mois de décembre. Outre la formation continue, celui-ci aura pour mobile la définition du statut des sages-femmes, particulièrement ce qui a trait à l'évolution du plan de carrière.