L'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), basé à Washington, a indiqué lundi que l'Algérie a réalisé des progrès appréciables dans la lutte contre la malnutrition. Publié pour la cinquième année, en prévision de la Journée mondiale de l'alimentation célébrée le 16 octobre, le rapport 2010 sur la faim dans le monde, dont une copie a été transmise à l'APS, note qu'avec un score de malnutrition inférieur à 5 au cours de ces dernières années contre 6,1 dans les débuts des années 90, l'Algérie figure dans la catégorie des pays en développement dont l'indice de malnutrition est des plus faibles. A la lecture du tableau représentant le classement des pays en développement sur la base du score de malnutrition, il est constaté que l'Algérie n'y figure pas, étant donné que ce classement, explique cet institut international, ne concerne que les 84 pays dont le score de malnutrition est supérieur à 5. Cet indice note les pays sur la base de trois indicateurs: la proportion de la population qui est sous-alimentée, la proportion des enfants de moins de cinq ans présentant une insuffisance pondérale et le taux de mortalité infantile. Concernant la proportion de la population sous-alimentée, le rapport indique que l'indice de l'Algérie est passe à 3 % actuellement contre 4 % dans les années 1990-1992, alors que la proportion des enfants de moins de cinq ans présentant une insuffisance pondérale, le taux a connu une baisse notable passant à 3 % en 2010 contre 8 % dans les années 1988-1992. Quant au taux de mortalité infantile (enfants de moins de 5 ans), il a également enregistré un net recul à 4,1 % en 2010 contre 6,4 % dans les années 90, précise cet institut international. Cet indice a été calculé pour 122 pays en développement et en transition dont 29 pays présentent des niveaux de faim ''extrêmement préoccupants'' ou ''alarmants'', dont la plupart se trouvent en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Abordant les pays en développement en général, la directrice de la division pauvreté, santé et nutrition de l'IFPRI et co-auteur du rapport, Mme Marie Ruel, souligne que pour améliorer leurs scores, ''de nombreux pays doivent progresser plus rapidement dans la réduction de la malnutrition infantile. Une somme considérable de recherches montre que la période la plus favorable pour améliorer la nutrition va de la conception jusqu'à l'âge de deux ans. Au-delà de deux ans, les effets négatifs de la malnutrition sont en grande partie irréversibles''. Même si les scores régionaux les plus élevés de l'indice de la faim dans le monde s'observent en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, cette dernière a réalisé de nets progrès depuis 1990, note le rapport. La mauvaise situation nutritionnelle, éducative et sociale des femmes y constituent les principaux facteurs contribuant à la forte prévalence de la malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans. En Afrique subsaharienne, ''le manque d'efficacité des pouvoirs publics, la persistance de conflits, l'instabilité politique et les taux élevés de VIH et de SIDA sont en grande partie à l'origine du taux élevé de mortalité infantile et de la forte proportion des personnes incapables de satisfaire leurs besoins caloriques'', indique le document. Le fléau de la malnutrition des enfants ''pourrait être réduit de 25 à 36% en fournissant des services universels de santé préventive et en organisant des interventions nutritionnelles pour les enfants de moins de deux ans et les mères enceintes ou allaitantes'', insiste-t-il. Selon cet institut, ''la santé des femmes, en particulier des mères, est essentielle pour réduire la malnutrition infantile. Les jeunes mères mal nourries ont tendance à donner naissance à des bébés en insuffisance pondérale, perpétuant ainsi le cycle de la malnutrition''. Le rapport recommande que pour réduire la faim dans le monde, les pays doivent cibler les interventions en direction des femmes enceintes et allaitantes ainsi que les enfants de moins de deux ans, s'attaquer aux causes sous-jacentes de la malnutrition, telles que la pauvreté, les inégalités entre les genres et les conflits et faire de la nutrition une priorité politique, notamment en ce qui concerne les enfants. Il est à rappeler que le rapport sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) présenté par l'Algérie en septembre dernier lors de l'Assemblée générale de l'ONU, consacrée a ce programme mondial de lutte contre la pauvreté, révèle qu'en ce qui concerne la réduction de l'extrême pauvreté et de la faim (OMD1), la population en Algérie vivant en-deçà du seuil d'un dollar par personne et par jour est passée de 1,9 % en 1988 à 0,5 % en 2009 contre une projection OMD à atteindre de 0,9 % en 2015. De ce fait, le premier des OMD est déjà atteint et l'extrême pauvreté, telle que définie par ces objectifs, reste marginale en Algérie et son éradication totale est tout à fait possible. Concernant le critère de réduction de moitié de la proportion de la population qui souffre de la faim, le document note que pour l'année 2006, la prévalence de l'insuffisance pondérale chez les enfants de moins de 5 ans se situait a 3,7 % dont 0,6 % présentent une insuffisance pondérale sévère. Le taux de pauvreté générale est passée de 14,1 % de la population algérienne en 1995, à 12,1 % en 2000 et à 5,6 % en 2006 pour s'établir à 5 % en 2008. Sur ce point, la proportion de la population n'atteignant pas l'apport calorifique minimal suit une tendance baissière en passant de 3,6 % en 1988, à 3,1% en 2000 et à 1,6 % en 2004. Quant à la réduction de la mortalité infantile (OMD 4), le rapport révèle que cette catégorie de mortalité est passée de 142 pour mille en 1970 à 46,8 pour mille en 1990 et à 25,5 pour mille en 2008, faisant passer la proportion des décès infantiles à 14,2 % en 2008 contre 44 % en 1970.