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L'Algérie dégage 2,5 milliards de dollars/an pour soutenir les prix, selon Benaïssa
Journée mondiale de l'alimentation
Publié dans Le Maghreb le 18 - 10 - 2008

La célébration de la Journée mondiale de l'alimentation coïncide cette année avec deux faits majeurs, la persistante de la crise alimentaire depuis trois ans et la nouvelle crise financière mondiale. Ils se caractérisent par l'augmentation sans précédent des prix des produits de base à travers tous les pays de la planète où parfois des émeutes contre la faim et la vie chère sont organisées par les populations.La situation de la faim ans le monde est alarmante, a affirmé jeudi le rapporteur de l'ONU pour le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter. La crise a jeté plus de cent millions de personnes supplémentaires dans l'extrême pauvreté, a-t-il dit. Plus de 925 millions de personnes dans le monde ne mangent pas à leur fin, indique l'expert de l'ONU dans un communiqué à l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation, contre 848 millions l'an dernier. Les progrès pour réaliser les Objectifs de l'ONU pour le Millénaire ont été inversés dans toutes les régions, ajoute le successeur de Jean Ziegler. Les brutales hausses de prix alimentaires en 2007 et au début de 2008 ont laissé des traces sérieuses parmi les familles les plus pauvres, même si les prix ont baissé depuis juin.
" La violation quotidienne et massive du droit à l'alimentation a son origine, non pas dans une production insuffisante de nourriture, mais un système de production dont les limites sont désormais claires. Un nouveau système doit être mis en place, bâti sur les ruines de l'ancien ", affirme De Schutter. Il demande aux gouvernements de se mobiliser pour assister les personnes les plus vulnérables. Des initiatives doivent être prises par l'Etat afin de s'assurer que les biens alimentaires restent abordables, plaide-t-il." C'est une alerte pour la communauté internationale ", a déclaré jeudi, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, le docteur Rachid Benaïssa.Le ministre a assuré que face à cette crise, l'Algérie a réagi depuis longtemps. " Cela coûte au pays 2,5 milliards de dollars/an pour maintenir les prix (semoule, céréales et huile) à leur ancien niveau d'avant cette crise alimentaire ".D'après lui, il y a beaucoup d'enseignements à tirer de cette situation de crise non seulement pour ce qui concerne l'Algérie mais au niveau mondial. " Cette journée mondiale de l'alimentation, est un moment de réflexion et de réaction pour replacer l'agriculture au centre des préoccupations des pays. Il faut qu'il y ait des politiques fortes envers ce secteur". Il note qu'il n'y a pas d'économie d'échelle dans l'agriculture, " les marchés réagissent seuls, ce qui fait que les prix ont flambé un peu partout dès q'il y a de la spéculation ".Dans le contexte d'une meilleur maîtrise de la filière agricole, le ministre rappelle que la loi d'orientation agricole en cours depuis juillet dernier, fait justement de la sécurité alimentaire, une préoccupation nationale. " Nous commençons à parler comme d'autres pays le font, de la souveraineté alimentaire. Nous disons que la sécurité alimentaire, fait partie de la souveraineté nationale ". Il explique que c'est là, un appel à la " mobilisation " des instruments pour " libérer " les initiatives des acteurs de base, créateurs de richesse (agriculteurs, éleveurs et industriels de l'agroalimentaire), et à cette occasion développer une série de mesures de différents ordres pour que, "l'accompagnement de ces créateurs de richesse soit le plus efficace possible et que les potentialités s'expriment au mieux ", indique M Bénaissa.Il ajoute dans ce paquet d'initiative que l'industrie agroalimentaire s'intéresse à la production nationale." Sous l'effet du marché, nous avons de temps en temps, un pan de l'industrie agroalimentaire installé chez nous qui ne travaille qu'avec le produit importé. Au lieu de travailler avec la production nationale, au lieu d'être un moteur de développement, ils deviennent des concurrents des producteurs nationaux ", met-il en valeur pour inciter surtout à ce que l'intérêt de l'industriel, soit lié à l'intérêt de la production nationale. C'est là qu'intervient l'Etat pour essayer de mettre en connexion ces deux pans d'une filière et qui peuvent être à ce moment-là, en évolution positive.Il rappellera de fait la filière lait, qui fait l'objet d'un travail de correction de ses dérèglements et son dysfonctionnement, afin que les investisseurs dans la transformation du lait, "prennent conscience, qu'ils ont plus d'intérêt à travailler avec la production nationale et avec la production des éleveurs, que de travailler uniquement avec de la poudre importée". Selon lui, c'est cette connexion qui est importante.Il y a lieu de rappeler que l'objet de la Journée mondiale de l'alimentation, proclamée en 1979 par la Conférence de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), est de faire connaître les problèmes alimentaires dans le monde et de renforcer la solidarité dans la lutte contre la faim, la malnutrition et la pauvreté. Cette journée commémore la date de la fondation de la FAO en 1945. En 1980, l'Assemblée générale des Nations unies a accueilli favorablement la célébration de la Journée, considérant que "l'alimentation est une condition nécessaire à la survie et au bien être de l'être humain et qu'elle est un besoin fondamental".La lutte contre la faim et la pauvreté est le premier des huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Selon la FAO, 925 millions de personnes sont sous-alimentées aujourd'hui, la plus part d'entre elles vivent en milieu rural où le secteur agricole constitue leur principale source de revenu. En outre, le changement climatique a un impact réel sur la disponibilité en terre et en eau, avec des risques d'effets négatifs sur l'accès aux aliments.Après la réunion du G8 de Tokyo, au Japon, qui a adopté une résolution sur la lutte contre la pauvreté et la faim, la réunion d'un groupe d'experts du G8 à Tokyo, le 12 septembre, puis les travaux de l'Assemblée générale des Nations unies, le 22 septembre, permettent d'envisager la mise en place d'un partenariat mondial pour l'alimentation et l'agriculture associant une pluralité d'acteurs (Etats du Nord et du Sud, organisations internationales, organisations non-gouvernementales, secteur privé et société civile).Ce partenariat s'appuierait sur trois piliers : un groupe international sur la sécurité alimentaire qui devrait regrouper l'ensemble des parties prenantes en matière de sécurité alimentaire (institutions internationales, ONG, organisations professionnelles agricoles, communautés scientifiques et contributeurs financiers). Ce groupe serait le garant de la cohérence globale des décisions et des engagements pris sur les questions relatives à la sécurité alimentaire du monde ; la Task Force des Nations unies pour la sécurité alimentaire en assurerait le secrétariat.Un panel/groupe international d'expertise sur la sécurité alimentaire (GIESA), pendant alimentaire du QGIEC dédié au climat. Les conclusions de cette plate-forme de synthèse des connaissances scientifiques à la composition multidisciplinaire seront rendues publiques. Enfin, une Facilité mondiale pour la sécurité alimentaire. Cette facilité financière permettra l'amélioration de la sécurité alimentaire et de l'état nutritionnel à tous les niveaux (ménage, local, national et régional) par le renforcement des filières agricoles fondées sur les exploitations familiales et des dispositifs de proximité pour la prise en charge des populations vulnérables à la malnutrition. Elle interviendra à deux niveaux: en soutenant des partenariats entre acteurs privés et publics au service de projets innovants ayant un impact de moyen et long termes sur la sécurité alimentaire (complémentaires des aides d'urgence nécessaires pour juguler les tendances actuelles, en contribuant à l'amélioration de l'environnement institutionnel, politique et du climat d'investissement. Cette facilité mondiale pour la sécurité alimentaire est une innovation majeure. Légère dans sa gouvernance, réactive et flexible, elle serait gérée par le FIDA (Fonds international pour le Développement agricole) et elle répondait à des demandes de subventions émanant des pays les plus vulnérables, présentées par les Etats, les ONG ou les organisations professionnelles agricoles.

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