Des centaines de personnes se sont rassemblées, dimanche après-midi à Paris, pour exiger "la reconnaissance officielle du crime commis par l'Etat français les 17 et 18 octobre 1961" contre des milliers d'Algériens sortis manifester. Répondant à l'appel d'un collectif d'associations, de partis et de la Ligue des droits de l'Homme, elles réclamaient aussi "la liberté d'accès effective aux archives pour tous, historiens et citoyens", ainsi que le développement de la recherche sur les questions de la mémoire dans un "cadre franco-algérien et international". Le rassemblement, auquel ont aussi pris part des parents de victimes de ces massacres et des témoins oculaires des faits, a eu lieu sur le pont Saint-Michel par lequel des dizaines d'Algériens avaient été jetés dans la Seine pour avoir dit "non" au couvre-feu raciste qui leur avait été imposé par le préfet de police Maurice Papon. Pour l'historien Jean-Luc Einaudi, il est "grand temps que la France reconnaisse ses crimes contre l'humanité", 49 ans après ces massacres. "Il est urgent de reconnaître et de condamner tous les crimes contre l'humanité commis au nom de la France", a indiqué, pour sa part, l'historien Henri Pouillot pour qui "il ne suffit pas de dire que la France est le pays des droits de l'Homme, mais il faut le mettre en application". Les participants au rassemblement ont, par ailleurs, condamné l'installation, prévue mardi, de la "Fondation pour la mémoire de la Guerre d'Algérie", en application de l'article 3 de la loi du 23 février 2005, une entité qui, selon les organisateurs, "semble être sous la coupe d'associations nostalgiques qui voudraient pouvoir exiger des historiens qu'ils se plient à la mémoire de +certains+ témoins". Selon l'historien Pouillot, cette fondation, dotée de plus de sept millions d'euros, renferme trois associations (Le Souvenir français, Les Gueules Cassées et La Fondation Maginot). "Les historiens reconnus pour leurs travaux sérieux sur la Guerre d'Algérie sont unanimes pour dénoncer cette mascarade", a-t-il déclaré. Le rassemblement a pris fin par une minute de silence à la mémoire des victimes des massacres de l'automne noir en même temps qu'a été entonné l'hymne national Kassaman. Les participants ont été par la suite invités à jeter une fleure dans la Seine en signe d'hommage et de recueillement à la mémoire de "victimes de la barbarie".