Plusieurs associations françaises militant contre l'oubli des crimes commis par la France coloniale, ont lancé mardi un appel pour un rassemblement dimanche 17 octobre à la place Saint-Michel à Paris, là où tant d'Algériens furent jetés à la Seine il y a 49 ans. Dans un communiqué, dont l'APS a obtenu une copie, ces associations exigent notamment la reconnaissance officielle du crime commis par l'Etat français les 17 et 18 octobre 1961, le libre-accès effective aux archives pour tous, historiens et citoyens ainsi que le développement de la recherche historique sur ces questions. Elles rappellent qu'en cette date du 17 octobre des dizaines de milliers d'Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu qui leur a été imposé par Maurice Papon, préfet de Police à Paris, alors qu'ils défendaient "leur droit à l'égalité, leur droit à l'indépendance et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes". Ce jour-là et les jours qui suivirent, lit-t-on dans l'appel, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés pour nombre d'entre eux refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d'une violence d'une brutalité extrême des forces de police. Cependant, poursuit-on, la France "n'a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu'elle a menées, en particulier la guerre d'Algérie, non plus que dans le cortège de drames et d'horreurs qu'elle a entraîné ou dans ce crime d'Etat que constitue le 17 octobre 1961". Ces associations rappellent aussi que certains "osent encore aujourd'hui continuer à parler des bienfaits de la colonisation", relevant que "le pouvoir encourage les nostalgiques de l'Algérie française et l'OAS, comme des tentatives pour empêcher la projection du film Hors-la-loi". "Malgré un discours, parfois ambigu et contradictoire sur le passé colonial de la France, la politique menée par le président de la République témoigne d'une réelle volonté de sa réhabilitation", poursuit l'appel. Depuis sa nomination, Hubert Falco, secrétaire d'Etat aux Anciens combattants, multiplient les actes d'allégeance à ces nostalgiques. Le 19 octobre il installera la "Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie, dotée de 7 millions d'euros en application à l'article 3 de la loi du 23 février 2005", souligne-t-on encore. Cette fondation semble être "sous la coupe d'associations nostalgiques qui voudraient pouvoir exiger des historiens qu'ils se plient à la mémoire de certains témoins", affirment ces associations qui estiment que pour être fidèle à leur mission scientifique, les historiens "ont besoin de pouvoir accéder librement aux archives, échapper au contrôle des pouvoirs ou des groupes de pression et travailler ensemble avec leur homologues entre les deux rives de la Méditerranée". Or la loi sur les archives, votée en 2008, fixe des délais de consultation aux dossiers judiciaires qui retardera en particulier les recherches sur l'organisation criminelle de l'OAS que "certains au sein même du parti du président de la République cherchent à réhabiliter", soulignent l'appel diffusé sous le thème "Vérité et justice". "La recherche de la vérité s'impose pour cette période sombre de notre histoire comme elle s'est imposée pour la collaboration vichyste avec l'Allemagne nazie", relèvent ces associations qui affirment que "ce n'est qu'à ce prix-là que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la guerre d'Algérie à savoir le racisme dont sont victimes aujourd'hui nombre de citoyens ou de ressortissants d'origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous la forme de violence policière parfois meurtrière".